L’immobilier religieux

Que d’appels lancés pour sortir des crises qui affectent depuis longtemps et durement ceux qui sont en recherche d’un toit. Ce drame nous résiste, le verbe l’emportant sur les actes pour ne point suffisamment consentir au fait que le déni de toit est d’abord celui de l’autre. Ces appels, alors, ne traduisent qu’une agitation devant un mal endémique, traité dans le cadre d’un palliatif social.

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Bernard Devert,
Président de Habitat
et Humanisme

Cécile Duflot, dans sa recherche légitime d’un « choc de solidarité », en appelle à l’Église. Peut-elle penser sérieusement que les croyants ne sont pas au rendez-vous d’une telle exigence. Si l’Église n’a pas le « monopole du coeur », elle demeure monopolisée par le Royaume qui est celui du coeur.

Que de lieux de cultes, cet hiver, s’ouvriront une nouvelle fois pour ceux qui n’ont pas de toit ! Que de communautés religieuses donnent une place à ceux qui ne l’ont point ! Que d’associations confessionnelles ou non sont engagées chaque jour pour contenir un drame à défaut de pouvoir malheureusement l’éradiquer ! Puisse Cécile Duflot, comme ministre, entendre l’appel demandant que le logement très social soit enfin érigé comme une grande cause nationale.

Pourquoi cet appel n’est-il pas entendu alors qu’il émane de bien des horizons ? L’heure est celle d’arbitrages au sein du gouvernement, et plus particulièrement du ministère du Logement, pour que soit donnée une priorité absolue à la résorption du mal-logement.

Est-il utopique de flécher drastiquement le financement vers la construction et la réhabilitation de logements pour ceux qui n’en ont point ? L’épargne solidaire, mieux encouragée, permettrait d’offrir ces financements qui manquent. Elle représente actuellement 1/1 000e de l’épargne circulante. Donnons-nous comme objectif 1/100e.

À l’instar de l’épargne salariale qui a « boosté » le financement des opérations sociales, le support assurance vie, dont l’encours est de 1 500 milliards d’euros, devrait être appelé à participer à l’économie solidaire. Une fraction de 3 % de cet actif, investie dans le logement, changerait singulièrement la donne.

Cet appel à une mobilisation de la solidarité, loin de diviser, susciterait un engagement rassemblant la Nation meurtrie par le fait que des hommes et des femmes mais, ô infamie, des enfants également, sont condamnés à la rue. Qui signera cet appel pour une économie plus humanisée ?

www.habitat-humanisme.org

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