« Non, la profession ne s’ubérise pas », Sébastien de Lafond, président de MeilleursAgents

Comparaison n’est pas raison. La Toile ne tue pas les agents immobiliers, elle les incite à se dépasser.

L’ubérisation de l’immobilier… certains en parlent mais le terme n’est pas bon. Avec lui, on mélange tout. Il est connoté, polémique. Il fait référence à la société Uber qui, à coup d’innovations et de services, a révolutionné le transport à la personne. Derrière ce mot, évidemment, il y a l’innovation, Internet… qui, aujourd’hui, font partie intégrante de nos vies, de tous les secteurs de l’économie, mais il y a aussi la face cachée de la société Uber : rappelez-vous Uber Pop, un service désormais illégal, qui permettait à des particuliers de s’improviser chauffeur avec leur propre véhicule pour arrondir leurs fins de mois.

Sans compter que certains sont tentés, à travers cette expression, d’opposer les anciens (les marchés monopolistiques, l’ordre établi…) et les modernes (les innovateurs de la Silicon Valley qui n’ont pas froid aux yeux, quitte à jouer les pirates). De créer un clivage. Et parler d’ubérisation de l’immobilier, c’est risquer un parallèle hâtif entre les agents et les taxis. Il y a dans les deux cas un déficit d’image. Mais les études sur les agents immobiliers montrent, qu’en réalité, la perception qu’en ont les particuliers s’améliore nettement après avoir eu recours à leurs services.

Le terme ubérisation évoque également pour certains le risque de professionnels moins bien formés, moins protégés, moins bien payés. Appliqué à l’immobilier, il fait penser aux critiques adressées aux mandataires qui exercent le métier d’agent immobilier sans détenir de carte professionnelle et sans agence physique. Certes, certains ne redorent pas le blason de la profession. Mais on sait aujourd’hui que les principaux réseaux de mandataires font des efforts importants pour professionnaliser leurs adhérents.  Là encore, le terme « ubérisation » ne nous éclaire pas dans l’analyse.

Si on ne parle plus d’ubérisation, mais de digitalisation, il faut regarder si ces nouvelles technologies peuvent apporter des solutions nouvelles susceptibles  d’améliorer la satisfaction client. Parce que tout l’enjeu est là : offrir le meilleur service au consommateur. Et, dans l’immobilier, il y a fort à faire : il existe un climat de défiance vis-à-vis de la profession. Le particulier a plusieurs griefs, il est frustré par l’opacité du marché. Tout ce flou le laisse perplexe. Et il ne comprend pas non plus, avant d’avoir travaillé avec lui, ce qu’un agent immobilier peut lui apporter !

Il ne faut pas avoir peur de la digitalisation

Les chiffres le prouvent. La part de marché des agents immobiliers ne fait que croître depuis 1945 : 5 % en France à  cette date, contre 70 % aujourd’hui. Quelle leçon faut-il en tirer ? Internet donne de plus en plus d’informations et de pouvoir aux particuliers, ce qui n’empêche pas la part de marché des agents de progresser. Et le succès de notre site en est la preuve : nous avons lancé MeilleursAgents.com, en 2008, parce que nous avons compris qu’il fallait rendre le particulier plus compétent, lui donner des clés de lecture sur les prix et sur les pros. Cela le rassure. Le partage de l’info,  la notation des agents, la transparence… permettent un rapprochement entre professionnels et particuliers. Non, les nouvelles technologies ne tuent pas les agents immobiliers. Elles mettent en avant les bons et forcent tout le monde à expliquer sa valeur ajoutée et à progresser.

« Le client est aujourd’hui plus savant, mais l’agent immobilier ne doit pas en avoir peur. À lui d’entendre ses demandes et de se réinventer ! »,  Sébastien de Lafond président et cofondateur de MeilleursAgents.com

Ceux qui répondent aux besoins de leurs clients sont gagnants. Les  attentes des clients ? Une vraie connaissance des quartiers, une capacité à déterminer et à expliquer un prix, une  compétence juridique et commerciale… Bref, de quoi justifier des honoraires conséquents. Et l’agent immobilier ne doit pas lutter contre ça. Il faut qu’il les écoute, qu’il entende leurs demandes et qu’il y voit une opportunité de monter en gamme, de se réinventer ! Si les taxis s’étaient remis en cause plus tôt, Uber ne connaîtrait pas le succès qu’on lui connaît !

jda: