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Recrutement dans l’immobilier : quelle dynamique après la crise ?

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Sur le front de l’emploi, la crise de l’immobilier a évidemment eu des conséquences importantes. Analyse du marché de l’emploi immobilier par Antoine Mesnard, à l’appui de la 7ème édition de l’étude Recrutimmo.

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Face à la crise qui a touché le marché immobilier, le constat de la 7ème étude menée par l’entreprise Recrutimmo est sans appel cette année :

  • Le nombre de départs s’est accéléré dans tous les secteurs de l’immobilier et notamment au sein des agences immobilières et réseaux de mandataires, les collaborateurs préférant se tourner vers des secteurs plus stables en termes de revenus et de statut.
  • Le nombre de candidats intéressés par l’immobilier a diminué de près de 30 % du nombre de candidats sur 12 mois glissants, accentuant ainsi les difficultés à disposer d’un vivier de candidats suffisant. Pour autant, et même si le marché est plus difficile, les intentions de recrutement restent fortes et le déséquilibre entre offre et demande reste élevé.

En effet, 82 % des recruteurs affirment qu’ils ont l’intention de recruter au moins 1 collaborateur dans les 12 prochains mois, même si 90% d’entre eux évoquent toujours de sérieuses difficultés à recruter.

Considérer les candidats comme des clients

Comprendre les attentes des candidats pour mieux y répondre

Comme pour attirer de nouveaux clients, la première étape est de comprendre les besoins des candidats. Nous les avons donc interrogés sur leurs attentes lorsqu’ils recherchent un emploi dans l’immobilier. 70 % d’entre eux évoquent les valeurs de l’entreprise, 69 %, une formation qui leur permette de réussir, et 68 % souhaitent que l’entreprise leur apporte un épanouissement personnel et professionnel.

Même si la rémunération reste importante (62%), celle-ci arrive en 4ème position des attentes des candidats et n’est donc pas seule déterminante dans le choix d’une entreprise.

La question du statut

En parallèle, la question du statut reste fondamentale. En effet, les positions de chaque partie semblent radicalement opposées.

Des attentes radicalement opposées…

Les entreprises privilégient le statut d’indépendant (61%), essentiellement pour des questions de trésorerie. A contrario, 91 % des candidats ne souhaitent pas travailler dans l’immobilier en tant qu’indépendant.

Cela revient à estimer que 61 % des recruteurs de l’immobilier se partagent 9 % des candidats, ce qui peut expliquer une grande partie des difficultés qu’ils rencontrent.

La situation n’est pas si noire. Osons un comparatif : si on demandait à nos clients s’il préfèrent l’exclusivité au mandat simple, il est fort probable qu’une grande majorité d’entre eux nous répondrait en faveur du mandat simple.

Pourtant, nous déployons une stratégie d’écoute et d’argumentation pour les convaincre de nous confier des mandats exclusifs, et ça marche !

En ce qui concerne les candidats, il convient donc d’adopter la même posture : les candidats sont nos clients ! La démarche vertueuse est d’intégrer leurs attentes et leurs objections pour y apporter une réponse adéquate et les convaincre d’opter pour un statut d’indépendant.

Par exemple, certains candidats qui évoquent l’absence de fonds pour démarrer peuvent ignorer qu’ils peuvent continuer à bénéficier de leur allocation chômage les premiers mois d’activité.

Un marché du recrutement encore plus concurrentiel

90 % des employeurs expriment de réelles difficultés à recruter, notamment pour des questions de manque de candidats.

Dans le même temps, si 62 % des candidats estiment qu’il est facile de trouver un emploi dans l’immobilier, un grand nombre de candidats (38 %) éprouvent des difficultés à intégrer le monde de l’immobilier.

Des usages qui différent quant aux canaux de recrutement

Ces difficultés communes s’expliquent notamment par une utilisation différente des canaux de recrutement selon la catégorie à laquelle on appartient. Ainsi, lorsque des candidats souhaitent trouver un emploi, ils serendent sur des sites internet … de recrutement. D’une logique implacable !

80% des candidats se rendent sur des jobboards, tels que Recrutimmo, Hello Work, Monster, France Travail …. Les réseaux sociaux personnels (facebook, Instagram, …) sont peu utilisés par les candidats pour chercher un emploi (< 20%).

Dans le même temps, lorsque l’on interroge les recruteurs, ceux-ci nous expliquent qu’ils recrutent via le bouche à oreille ou Facebook pour près de 50% d’entre eux. Pas étonnant que dans ces conditions, les recruteurs pensent qu’ils n’ont pas assez de candidats (68 %) pour recruter, dès lors qu’ils utilisent des canaux sur lesquels les candidats ne sont pas ou peu présents.

Il serait intéressant de faire un parallèle, là encore avec notre démarche clients : est il envisageable, pour une agence immobilière, de se priver des sites d’annonces immobilières tels que Bien ici, Seloger, ou le bon coin pour attirer des acquéreurs, au profit d’instagram, Facebook ou le bouche à oreille …?

Pourquoi les recruteurs ont des difficultés à embaucher ?

  • La première explication tient à la structure même des entreprises du secteur et des recruteurs. 90 % d’entre eux sont des chefs de très petites entreprises et cumulent donc les casquettes de chef d’entreprise, commercial, comptable, directeur financier et… DRH.
    Il est difficile d’accorder le temps nécessaire au recrutement, bien que celui-ci soit fondamental pour leur activité.
  • La  seconde raison concerne les budgets alloués par ces recruteurs : en effet 61 % des recruteurs investissement moins de 1000 € de budget annuel dans le recrutement (dont 27 % ne dépensent aucun budget pour le recrutement).

Étonnant lorsque l’on sait le chiffre d’affaires généré par un bon collaborateur dans l’entreprise, d’autant que les sites spécialisés dans le recrutement immobilier deviennent faciles d’utilisation pour le plus grand nombre.

Il est d’autant plus préjudiciable à l’entreprise de ne pas utiliser ces canaux de communication que sont les jobboards, que 96 % des candidats se renseignent sur l’entreprise avant de postuler en se rendant principalement sur ces sites. Cela signifie que dès lors qu’une entreprise est bien présente sur les jobboards, et travaille sa marque employeur, les candidats seront plus enclins à postuler à leurs annonces.

En clair, ne pas être présent sur les plateformes de recrutement revient à ne pas être présent sur le marché du recrutement. Quand on connait la concurrence effrénée qui existe entre les différents acteurs du secteur (agences ou réseaux de mandataires), cette approche limite considérablement l’accès aux candidats.

L’intégration et la formation des nouveaux collaborateurs : un enjeu majeur

L’une des attentes principales des candidats concerne leur intégration et leur formation, afin de réussir dans leur nouveau poste ou leur nouveau métier. C’est une attente qu’ils expriment à l’égard de leur entreprise (69%) mais également à l’égard de leur manager avec encore plus de force (86%).

La réalité est plus mitigée : en effet, plus de la moitié (55%) des nouveaux collaborateurs disposent d’une intégration ou formation inférieure à une semaine.

Lorsque l’on connait la complexité des métiers de l’immobilier, les résultats de notre étude semblent démontrer que les recruteurs n’accordent pas toute l’importance que ce sujet mériterait et ne mettent pas leurs collaborateurs en situation de performer.

Cette situation est dommageable à plus d’un titre

D’une part, elle ne répond pas aux attentes des candidats, et limite par conséquent la capacité d’attraction d’un employeur qui n’investit pas suffisamment sur ses nouveaux collaborateurs.

D’autre part, il existe un lien direct entre l’absence ou l’insuffisance d’intégration et de formation lors de l’embauche et le départ des collaborateurs dans les premiers mois de leur arrivée.

Il s’avère que 30 % des nouveaux collaborateurs de l’immobilier quittent l’entreprise dans les 3 mois suivant leur embauche.

Lors de l’arrivée d’un nouveau collaborateur il est donc impératif de lui proposer un parcours d’intégration et une formation adaptés aux métiers et aux méthodes de l’entreprise afin de garantir son succès qui entrainera celui de l’entreprise.

L’immobilier est un secteur dans lequel le turn-over est supérieur à 35 % (et même de plus de 50 % dans les réseaux de mandataires). Difficile de ne pas voir de corrélation entre ces nombreux départs et le déficit d’accompagnement et de formation des collaborateurs.

Dès lors que l’on forme une personne et qu’on l’accompagne au quotidien, ce qui est la mission d’un manager, le collaborateur aura toutes les chances de réussir et d’entraîner l’entreprise dans une spirale positive et de stabilité, et ce quel que soit le statut proposé, salarié comme indépendant.

Cela demande du temps, de l’organisation et des investissements, mais c’est une condition indispensable pour développer son entreprise.

La reconversion professionnelle au centre du jeu

L’immobilier a toujours été un secteur ouvert à la reconversion professionnelle. Ainsi, 83 % des professionnels de l’immobilier ont eu une expérience autre que l’immobilier avant de rejoindre ce secteur. C’est une vraie chance pour les collaborateurs, puisque l’immobilier leur offre des possibilités de changer de carrière indépendamment de questions de diplômes ou de formations universitaires.

De multiples possibilités de reconversion et d’évolution

La palette des métiers offerte aux candidats est très importante : emplois commerciaux, comptabilité, technique, managers, … Peu de secteurs offrent une telle diversité de métiers accessibles à tous.

En outre, les perspectives d’évolution sont certaines : évolution dans son métier, vers d’autres métiers de l’immobilier, création de son entreprise, les possibilités son innombrables et c’est une vraie richesse du secteur pour les candidats, qui auront des chances d’évolution bien plus variées que dans des grandes entreprises.

Il faut reconnaître, que de ce point de vue, les professionnels du secteur font preuve d’une vraie ouverture d’esprit quant aux profils recrutés :

86% des recruteurs sont ouverts aux profils en reconversion professionnelle !

Pour autant, les candidats devront démontrer de vraies qualités professionnelles et personnelles : puissance de travail, qualités relationnelles, capacité à intégrer de nombreux aspects du métier (humain, commercial, juridique, fiscal, technique, …).

Les candidats ne s’y trompent d’ailleurs pas en reconnaissant à 63 % que les qualités personnelles (soft skills) sont les plus importantes pour réussir dans les métiers de l’immobilier.

La reconversion professionnelle est donc une véritable chance pour le secteur de l’immobilier : près de 50 % des candidats qui postulent à des offres d’emploi dans l’immobilier sont en reconversion professionnelle.

Antoine Mesnard

Antoine MESNARD est le président fondateur de la société RECRUTIMMO, premier site d’emploi de l’immobilier. Après 10 années passées au sein de Directions de Ressources Humaines de grands groupes, il a entamé une carrière dans l’immobilier, au cours de laquelle il a, avec son associé, dirigé 6 agences de transaction et un cabinet de gérance immobilière (1500 lots de gestion). Il créé et dirige Recrutimmo depuis 2016 pour répondre aux difficultés de la profession dans le recrutement de nouveaux collaborateurs, en s’appuyant sur sa double expertise RH / Immobilier. Il est également formateur sur les thématiques du recrutement et du management dans l’immobilier.
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