« Avec la fin du RSI, sommes-nous sur le point de perdre notre singularité d’indépendant ? », Philippe Buyens, directeur général, Capifrance

Emmanuel Macron en avait fait une promesse de campagne, il le concrétise en tant que président en sonnant le glas du Régime Social des Indépendants. Concrètement, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les travailleurs indépendants ?

De prime abord, cela semble une bonne chose car le système souffrait de trop d’avaries – erreurs dans le calcul des cotisations, diffusion de courriers contradictoires, désorganisation des services, manque de visibilité des cotisations, etc.

Avec 76,4% des indépendants disposant d’une opinion négative de ce régime (selon une étude du syndicat des indépendants en février 2017), il était indispensable d’agir. Echelonné sur deux ans, l’adossement du RSI au régime général a pour vocation de simplifier les démarches, d’améliorer la qualité de service et de renforcer le pilotage du recouvrement des cotisations. Les travailleurs indépendants disposeront alors d’un guichet unique pour effectuer leurs démarches tout en bénéficiant de règles propres en matière de cotisations. Encore heureux ! Etre indépendant requiert exigence et rigueur. C’est un choix de vie, une volonté d’être libre et d’agir. Un indépendant adopte ce statut par défi, par passion. Il est conscient des conséquences de ce choix en assumant le fait qu’il ne bénéficiera pas des mêmes protections qu’un salarié. Il n’est pas logique d’imaginer qu’un indépendant et qu’un salarié aient les mêmes garanties car ils ne souhaitent pas la même chose. Les travailleurs indépendants désirent surtout se concentrer à 100% sur leur business et ne pas perdre de temps dans le maelstrom administratif auquel ils sont inévitablement confrontés au quotidien.

Dans le même esprit, le projet de mise en place d’un système d’assurance chômage universel aussi bien pour les salariés que pour les indépendants relèvent du non-sens. Un indépendant connaît bien le risque auquel il s’expose en lançant son activité. Même si cela s’apparente à une indemnité liée à la perte d’exploitation comme n’importe quelle société pourrait en souscrire une pour se protéger des baisses de chiffre d’affaires dues à des éléments extérieurs à la société, cet assujettissement obligatoire détruirait l’essence même qui caractérise chaque indépendant : le goût d’entreprendre, de réussir, comme bon lui semble. Libre à lui de choisir un filet de sécurité en contractant des assurances complémentaires (prévoyance, invalidité, accident…), s’il le souhaite. Dans le cas contraire, on basculerait presque dans le travers de l’assistanat, valeur aux antipodes des entrepreneurs !

Dans une société où plus de la moitié des emplois sont publics ou dépendent de financements publics, la place des indépendants est d’autant plus cruciale pour garantir la dynamique économique. Ils n’ont juste pas les mêmes attentes que les salariés ou les fonctionnaires, il suffit juste de ne pas l’oublier !

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