« La reprise du marché immobilier est là, et c’est grâce aux Français ! » Xavier Belvaux, We Invest France

Le marché immobilier français redémarre, enfin ! Pas sous l’effet d’un simple rebond conjoncturel, mais grâce à une profonde mutation des attentes et des comportements. Xavier Belvaux, directeur général de We Invest France, appelle à accompagner cette relance qualitative, portée par une génération d’acquéreurs plus mature, plus exigeante, et résolument tournée vers l’avenir. Tribune.
Xavier Belvaux We Invest

Pendant deux ans, l’immobilier français a été mis en pause. Taux d’intérêt élevés, inflation persistante, baisse du pouvoir d’achat : les projets ont été reportés, les prix figés, les professionnels impactés. L’activité a reculé de 21 à 25 % selon l’Unis. Mais une dynamique de reprise s’installe peu à peu : les équipes reprennent du rythme, les demandes s’intensifient, les compromis se signent à nouveau dans des délais raisonnables.

Ce redémarrage n’est pas un simple rebond conjoncturel. C’est une reconquête sociale. Le marché repart parce que les Français le font repartir. Une aspiration profonde à la stabilité, à la projection, à l’ancrage, s’exprime à travers l’immobilier.

Des signes tangibles de reprise

Enfin ! Les taux d’emprunt se sont stabilisés autour de 3 % pour les prêts à 20 ans, contre 4,5 % un an plus tôt. Résultat : les capacités d’achat progressent de 15 % selon Crédit Logement/CSA. En parallèle, les prix cessent leur baisse. Après -4,7 % en 2024, certaines métropoles affichent même des signes de rebond : +1,2 % à Nantes, +0,9 % à Lille. Dans plusieurs zones rurales ou littorales, la demande repart fortement. Entre janvier et avril 2025, les compromis ont augmenté de 6 %. Acheteurs et vendeurs se retrouvent enfin.

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Un marché plus mature, plus exigeant

Mais ce qui se joue en 2025 dépasse le simple jeu des taux et des prix. On assiste à une transformation culturelle du marché. Les acquéreurs sont mieux informés, mieux préparés, plus exigeants ; les projets, mieux construits. Les visites « de curiosité » ont laissé place à des projets réfléchis, cohérents, et souvent portés par une vraie stratégie patrimoniale. C’est ce que nous ressentons sur le terrain. Les vendeurs, eux, adaptent leurs prix rapidement. Le temps du « prix rêvé » est révolu. Cette maturité est une chance : elle pousse toute la profession à s’élever, à miser sur l’accompagnement sur-mesure, l’humain appuyé par le digital, et une transparence totale. Les attentes sont claires : expertise, réactivité, confiance.

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Vers une relance qualitative

Il ne s’agit pas de recréer une bulle ou de revenir à la frénésie des années post-Covid. Le marché repart, oui, mais pas sur les mêmes bases. Il repart avec des attentes nouvelles : performance énergétique, qualité de vie, accessibilité, environnement. Le DPE est devenu un facteur décisif dans 60 % des transactions. Le critère de proximité (écoles, transports, télétravail possible) est désormais prioritaire.

L’immobilier doit être attentif aux évolutions sociétales, aux changements de mode de vie, en plus de devenir “durable”. Les investisseurs privés, souvent jeunes, digital natives, à la recherche d’indépendance financière, sont aussi de retour. Aujourd’hui, les moins de 35 ans représentent désormais près d’un acquéreur sur trois dans l’immobilier locatif ancien. Nous nous réjouissons de voir une nouvelle génération d’investisseurs reprendre le chemin de l’immobilier. Ils incarnent véritablement un tournant générationnel, où le projet personnel devient aussi un geste citoyen et solidaire.

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L’immobilier reste une affaire de vie

Oui, l’immobilier reste une affaire de vie. Le marché repart parce qu’il répond à un besoin profond : se projeter, se stabiliser, sécuriser son avenir. C’est un levier d’émancipation et un socle de confiance. Cette dynamique ne survivra que si l’ensemble des acteurs la porte :

  • Professionnels : engageons-nous encore plus à accompagner, conseiller, rassurer.
  • Banques et institutions financières : adaptez vos offres pour favoriser l’accès et sécuriser les parcours.
  • Pouvoirs publics : facilitez les démarches, simplifiez les normes, soutenez la rénovation et arrêtez d’emmerder ceux qui agissent pour loger les Français.
  • Médias : racontez cette réalité. Ne cédez ni au fatalisme, ni à la surenchère. Faites œuvre d’équilibre, de pédagogie et de bon sens.

C’est ensemble qu’on réussira. La pierre n’est pas morte. Elle se réinvente. 

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