« Le plus important, c’est la force humaine », Philippe Briand , Président du Groupe Arche

L’homme, sans doute le plus influent de l’immobilier français dit privilégier avant tout la satisfaction de ses clients et de ses salariés.

Philippe Briand  reçoit Ariane Artinian dans ses locaux du XIVe arrondissement à Paris.

La numérisation à outrance ? Il n’y croit pas. Le « service rendu » au client ? Il faut en reprendre les  fondamentaux. Philippe Briand, président de la holding Arche, semble aller à rebours de nombreux discours de présidents de réseaux.

JDA : Le rachat de Guy Hoquet a fait de vous un mastodonte de l’immobilier français…

Philippe Briand : Avec les 500 agences Guy Hoquet, les 700 agences Laforêt et les 200 agences Citya, le groupe Arche dispose en effet d’une dizaine de milliers de salariés. Nous réalisons environ 50 000 transactions immobilières, ce qui représente de 10 à 12 % de parts de marché et 650 millions de chiffre d’affaires. Cela fait de nous le troisième opérateur français en matière de transactions tandis que nous sommes deuxième ex aequo avec nos amis de Nexity en matière d’administration de biens.

JDA : Comment se sont passés vos premiers pas dans ce monde de l’immobilier ?

P. B. : En 1983, après un drame personnel, je me retrouve sans le vouloir, héritier de 350 000 francs. L’idée d’avoir touché de l’argent après avoir perdu mes proches me dérangeait beaucoup : je décide ne pas dilapider cette somme. À la place, j’achète cinq petits studios à rénover, et je les retape moi-même. Je confie la location de ces studios à une petite agence immobilière, mais qui ne fonctionnait pas très bien… Je vais voir l’agent immobilier pour râler un peu… Il me dit : « Puisque ça te parait si simple, je n’ai qu’à t’embaucher comme directeur ! ». En 1990, je m’associe alors à lui, en créant ma première structure immobilière à Tours.

JDA : C’était une grosse affaire ?

P. B. : Nous avions 300 lots en gérance, 3 000 lots en copropriété. Il fallait absolument redresser l’entreprise, et je me suis investi dans tous les métiers possibles : syndic de copropriété, location, transaction, gérance, comptabilité… Nous en sommes venus à gérer des biens situés dans la commune du Mans. Mais on ne fait pas bien son travail si l’on n’est pas sur place, j’ai repris un premier cabinet là bas – il faisait 10 fois ma taille !, puis d’autres ont suivi.

JDA : À quel moment votre développement s’est-il accéléré ?

P. B. : Au début des années 2000, toujours en rachetant d’autres cabinets. La croissance interne existe très peu dans nos métiers. Aller prendre de la clientèle ailleurs est très difficile. En revanche, conquérir une clientèle qui fait un nouvel investissement est beaucoup plus simple. La SIT, Urbania, Belvia, Laforêt, Brosset, Le Bon Agent, Guy Hoquet…  nous nous sommes toujours développés par de la croissance externe.

JDA : Jusqu’où irez-vous ?

P. B. : L’important n’est pas d’être le plus gros, c’est d’être le plus durable. Je suis très marqué par la financiarisation de mon métier, de voir des gens qui sont obligés de rendre des comptes tous les trimestres et à qui on serre la vis autant que possible… Je pense qu’il y a une limite avant l’étranglement.

JDA : Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous fait vibrer ?

P. B. : Nous éditons tous les trimestres, un indice de satisfaction de nos clients. Ce qui me fait vibrer, c’est quand il monte !

JDA : Comment appréhendez-vous la question de la numérisation ?

P. B. : Je me pose beaucoup de questions sur ces entreprises qui communiquent sur leur fantastique numérisation… Ça fait dix ans qu’elle est en place chez nous ! La numérisation, ce n’est qu’un moyen et surtout pas une fin… Mettre sans cesse en avant la digitalisation, n’a pas plus de sens que de « rêver » que son entreprise soit electrifiée… On le sait, tout le monde va être numérisé. Le plus important, c’est la force humaine qui, elle, est absolument irremplaçable. La preuve en est que tout le monde aujourd’hui se plaint de l’absence de services et de contacts humains. Je pense pourtant que cette notion de service n’est pas fondamentalement ancrée en nous, Français, qui sommes des révolutionnaires dans l’âme… Je crois même que nous avons tué une partie de ce service n inventant le « service compris »… Faites donc un repas aux États-Unis : c’est vous qui décidez de ce que vous donnez en compensation du service qu’on vous a apporté. Chez nous, en France, que le client soit content ou non, cela revient au même… C’est là où le bât blesse.

Retrouvez l’interview exclusive de Philippe Briand au micro d’Ariane Artinian en vidéo

 

 

 

 

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