Mère et fille, complémentaires et passionnées, Yvette et Julie Bedin dirigent à deux têtes l’historique cabinet Bedin Immobilier. Elles défendent un modèle de réseau et un professionnalisme d’exception qui résistent aux cycles du marché.
Peu de professionnels peuvent se targuer d’avoir débuté leur carrière dans la pierre il y a 43 ans. Et pour cause, Yvette Bedin, fait partie de ces personnalités exceptionnelles du milieu qui savent naviguer à travers les cycles de l’immobilier. Le cabinet Bedin Immobilier qu’elle a créé en 1977 compte aujourd’hui plus de 300 collaborateurs et 65 agences réparties dans le Sud-Ouest, de Bordeaux à Toulouse en passant par les Landes.
Depuis 2017, la direction de cette marque de renom se fait à deux têtes, entre Yvette, fondatrice — récompensée de l’insigne de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur, inspiratrice et marraine du 1er prix féminin de l’immobilier venant récompenser l’audace et la réussite entrepreneuriale — et sa fille Julie Bedin, tombée dans la marmite de l’immobilier depuis son plus jeune âge, aujourd’hui directrice générale du groupe et forte d’une expérience de plus de 20 ans.
Alors que le vent souffle sur le secteur, les deux professionnelles à la fois alignées et complémentaires, nous livrent leur analyse de marché, les atouts de leur réseau succursaliste, et leurs recommandations pour faire que leur métier soit reconnu et estimé à sa juste valeur.
« Notre métier dépend de la confiance insufflée ou troublée
par la géopolitique du monde »
Des crises, Yvette Bedin en a déjà rencontré. Elle se souvient de la brutalité de celle de 2008 mais reconnaît que celle que nous vivons actuellement est redoutable. « Les difficultés ont commencé au moment de la guerre en Ukraine, qui a engendré avec elle une forte inflation et la hausse des taux d’intérêt. Le marché a basculé et par conséquent les vendeurs comme les acquéreurs, ont commencé à perdre confiance. Ils se sont réfugiés dans un attentisme prudent. Or l’activité immobilière a besoin de confiance car les projets se réalisent dans l’optimisme. Cela rend notre métier très dépendant de la géopolitique du monde et de la confiance qu’elle insuffle ou qu’elle trouble au contraire », analyse Yvette Bedin.
De surcroît, à son échelle régionale, elle constate que le marché immobilier du Sud-Ouest est actuellement très impacté. « Notre région a connu un fort succès durant le Covid avec l’arrivée importante de nouveaux acquéreurs, surtout Parisiens, qui ont fait monter les prix de la région. Aujourd’hui, ces mêmes propriétaires qui avaient acheté au plus haut il y a trois ans souhaitent désormais revendre leur bien et peinent à comprendre que les prix ont baissé. Cela crée chez eux de l’incompréhension, de la frustration et nous devons faire preuve d’un grand professionnalisme et d’une grande pédagogie pour les informer avec tact et leur recommander un prix ajusté au marché », précise-t-elle.
L’expertise métier, le meilleur atout pour résister aux cycles du marché
Pour la direction du cabinet Bedin, le professionnalisme et l’expertise métier sont en effet les meilleurs leviers de force à mobiliser pour rassurer et résister aux cycles du marché.
« La bonne nouvelle est que depuis plusieurs années, nous assistons à une véritable montée en compétences des professionnels de l’immobilier, qui se forment sur des thèmes aussi variés que le juridique, l’urbanisme, le digital, etc. Si cela alimente, certes, la concurrence, ce gain de professionnalisme est aussi selon nous indispensable pour faire face, non seulement àune réglementation croissante — voire écrasante — en matière immobilière et à des clients de mieux en mieux informés, qui se présentent avec des idées en tête bien arrêtées », explique Julie Bedin.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a choisi de mettre l’accent sur la formation en créant, en 2007, une université d’entreprise — ayant obtenu la certification Qualiopi — animée par 20 collaborateurs internes qui forment leurs collègues. « La formation continue fait en effet partie intégrante du parcours de nos équipes, qui s’inscrivent très régulièrement à des formations, parmi la trentaine de modules que propose notre université d’entreprise. Cela est bénéfique tant pour les novices qui débutent dans le métier et ont besoin de s’armer de compétences, que pour les plus aguerris qui effectuent ainsi une mise à jour de leurs connaissances ou profitent d’une piqûre de rappel. Nous avons également mis en place des ateliers de réflexion, qui permettent à nos collaborateurs d’améliorer leurs pratiques : ainsi, nos commerciaux peuvent aborder les affaires dans lesquelles ils rencontrent des difficultés et nous trouvons, ensemble, les actions correctives à mettre en place pour débloquer les situations. Rappelons que tout ne s’explique pas par la dureté du contexte, beaucoup de pratiques peuvent être corrigées et améliorées afin d’obtenir les résultats visés ».
Dans le contexte actuel, investir sur les connaissances et compétences est en effet une véritable stratégie gagnante pour la direction du réseau Bedin Immobilier. « Notre devise est « convaincre, rassurer, conclure » rappelle Julie Bedin, cela implique que nos équipes s’arment des meilleures qualités de savoir-faire et de savoir-être pour offrir à nos clients des transactions qui soient toujours doublement gagnantes, côté vendeurs comme côté acheteurs. Telle est notre éthique de travail. J’accorde par exemple une grande importance aux mots qui sont choisis à l’attention des clients. Dire frontalement que leur bien est « trop cher » n’est pas pertinent et risque de les frustrer ; je pense qu’il est plus fin et judicieux de leur expliquer pourquoi leur prix n’est pas en adéquation avec le marché », ajoute-t-elle.
Un modèle de réseau succursaliste qui prouve sa réussite
Convaincues que la formation de leurs collaborateurs et la transmission du savoir est l’un des atouts forts de leur réseau, Yvette et Julie Bedin le sont également à l‘égard de leur modèle appuyé sur des agences succursalistes. Un facteur selon elles déterminant dans leur réussite. Pour preuve, le cabinet Bedin Immobilier est aujourd’hui le 2e réseau d’agences intégrées en France et le 1er dirigé par deux femmes.
Yvette Bedin nous raconte : « J’ai été parmi les premières à fonder un réseau succursaliste dans l’Hexagone et à mettre en place un système de fichier partagé entre les agences. À l’époque, mes confrères étaient sceptiques mais aujourd’hui, c’est ce qui fait notre force. Du point de vue des clients d’abord, cela nous permet de leur présenter l’offre immobilière la plus large possible sur notre secteur puisque toutes nos agences se partagent les affaires. Lorsque l’on s’adresse à un vendeur par exemple, nous sommes en mesure de lui dire que toutes nos agences représentent son bien. Cela fluidifie considérablement le circuit de vente et tous les commerciaux échangent entre eux pour contribuer favorablement au bon déroulement des mandats communs ».
Du point de vue des collaborateurs, Yvette et Julie Bedin défendent également l’idée que le modèle succursaliste les encourage à travailler en tant que collaborateurs et non concurrents, puisqu’ils travaillent pour une même maison-mère.
La volonté d’offrir une carrière aux professionnels experts
Remarqué et remarquable pour son image de marque, le cabinet Bedin Immobilier fait aussi figure d’exception s’agissant de sa politique de gestion des ressources humaines. Julie Bedin a complètement pris les rennes du département RH de l’entreprise familiale et elle a souhaité accorder une grande place à la conciliation travail – vie privée des équipes.
Concrètement, les talents du réseau bénéficient de mesures réalistes pour mieux concilier leur métier et leur vie de famille. « Nous offrons un jour de congé par an et par enfant pour les accompagner à une sortie scolaire, un jour de congé au moment des fêtes de fin d’année, un jour pour le mariage d’un proche, 6 jours pour celles et ceux qui se pacsent (soit 2 de plus que ce que prévoit la loi), un jour de congé pour les déménagements.Nos assistant.e.s ont aussi la possibilité de commencer leur journée de travail 2 heures plus tard les jours de rentrée scolaire, les jours de kermesse, ou de finir plus tôt les jours de réunions parents-professeurs. Étant moi-même maman, j’ai soigneusement pensé et choisi toutes ces mesures de façon à ce qu’elles soient vraiment pertinentes et contribuent à la conciliation travail-famille. À mon sens, il ne faudrait jamais attendre la fin de sa vie professionnelle pour profiter de ses enfants », détaille Julie.
Ce ne sont pas seulement des conditions de travail satisfaisantes que la direction Bedin souhaite offrir à ses équipes, c’est aussi une carrière. Pour preuve, de nombreux salariés répondent présents depuis dix, quinze voire vingt ans.
« Les talents qui viennent chez nous embrassent un véritable métier, une carrière dans l’immobilier ; ils peuvent commencer comme négociateur, puis devenir directeur d’agence, directeur de région et progresser avec nous », explique Julie Bedin.
Du côté du recrutement, celui-ci se fait actuellement plus difficile, reconnaît-elle. « Le contexte actuel freine les candidats qui sont plus réticents à se lancer. Pourtant, il s’agit bel et bien d’un secteur qui continue de tourner ! Nos professionnels savent vite s’adapter ». Le cabinet Bedin Immobilier continue donc d’organiser des évènements de recrutement chaque année, afin de partager des informations sur ses professions et de planter la graine de l’immobilier chez de jeunes recrues.
Car, toutes deux véritablement passionnées et habitées par leur métier, Yvette et Julie Bedin défendent la valeur et l’expertise des professions de l’immobilier, plus que jamais nécessaires pour accompagner les clients dans leurs projets.
Deux recommandations clés
Alors, quels sont selon elles les meilleurs conseils à appliquer pour naviguer malgré la crise du marché ?
Pour Mesdames Bedin, la priorité — et la plus importante des qualités en tant que dirigeantes — est de savoir s’adapter. « Depuis 43 ans, le sérieux et le professionnalisme de notre réseau nous a permis de traverser tous les cycles. Nous nous tenons sans cesse à l’affût des opportunités de développement qui émergent et nous misons sur la croissance par la variété. Nous exerçons bien sûr dans la transaction, mais aussi en location, en location saisonnière, en administration de biens et en gestion de syndic, ainsi qu’en ventes de biens neufs et en défiscalisation ; ces dernières sont des activités qui traversent toutes les vagues, pourquoi s’en priver ? Nous nous sommes aussi renforcés grâce au partenariat signé avec le courtier en prêt immobilier « TauxPremier ». Il nous aide à concrétiser et consolider les ventes en étudiant le financement de nos clients, avant la signature des compromis sous seing privé. Nous étudions également de nouvelles pistes, telles que les ventes en viager, les ventes interactives, l’utilisation de l’intelligence artificielle et la digitalisation ».
Enfin, il est primordial de prendre soin de l’humain, clients comme collaborateurs, rappelle Julie Bedin. « Tous ont besoin d’être rassurés, d’être soutenus : les clients, par une expertise et des conseils avisés qui leur permettent de réaliser leur projet dans les meilleures conditions, et les équipes, par un soutien managérial appuyé et des conditions d’emploi plus sécurisées ».
En somme, nul doute que l’union si complémentaire de ces deux visions perpétue l’excellence du cabinet Bedin, pierre de taille à l’édifice des professionnels de l’immobilier !
Journaliste de passion et juriste de formation, Alix Fieux aime aller à la rencontre des acteurs de l'immobilier pour découvrir les initiatives originales des agences et des entreprises qui renouvellent le secteur. Son deuxième sujet favori ? L’essor d’une nouvelle génération de ressources humaines qui concerne également les professionnels de la pierre, pour comprendre comment mieux recruter, manager et fidéliser leurs talents !
Auparavant, elle a également travaillé en tant que journaliste et responsable éditoriale pour différents médias et marques sur des sujets d'actualité variés.
Par BARTHEZ, il y a 7 mois
Bravo pour ce beau parcours et cette belle transmission familiale.