Présente au salon RENT, qui s’est déroulé les 5 et 6 novembre derniers au Parc des Expositions de Paris, Sophie Richard, fondatrice du réseau Viagimmo, se bat pour que le viager se démocratise. Pour encourager les professionnels de l’immobilier à s’y intéresser, elle lance un label. Explications.
Le contexte social est-il favorable au développement du viager ?
Oui, la dette sociale est actuellement au cœur des débats politiques. Et les messages qui en ressortent inquiètent autant qu’ils divisent.
D’un côté, 77 % des actifs (selon Ipsos) déclarent ne plus avoir confiance dans notre système de retraite.
De l’autre, les retraités se sentent pointés du doigt car jugés responsables de la fragilité budgétaire de l’État.
Rappelons qu’en 2030, il y aura davantage de personnes âgées de plus de 65 ans que de jeunes de moins de 15 ans. Nous assistons donc à une bascule démographique, inédite dans notre histoire moderne ! Dans ce contexte, notre société, qui vieillit, doit réfléchir à de nouveaux équilibres.
La monétisation du patrimoine s’inscrit, selon moi, dans ces équilibres. Le viager peut notamment répondre à cette triple urgence qui nous presse :
Quels sont les leviers à actionner pour que le viager se développe davantage en France ?
Il y a encore beaucoup d’idées reçues sur le viager qu’il est nécessaire de combattre. C’est à force de pédagogie qu’on réussira à faire tomber les barrières psychologiques.
Aujourd’hui encore, on considère le viager comme un marché de niche parce qu’on n’a pas conscience de son impact positif. Le viager présente en effet beaucoup d’avantages.
Lorsqu’on est senior, on peut, grâce au viager, transformer son patrimoine qui dort en revenu complémentaire.
C’est comme si on héritait de soi-même ! Et côté acquéreur, investir en viager occupé, c’est acheter de l’immobilier de 40 à 60 % décoté, sans risque d’impayés de loyer, ni de vacance locative, ni de fiscalité, puisque l’occupant unique, le vendeur, verse ses loyers théoriques sous forme de décote sur le prix de vente.
C’est donc un mécanisme gagnant-gagnant. Depuis que j’ai lancé le réseau Viagimmo, je vois toutefois une belle évolution : ce n’est plus une « curiosité patrimoniale » mais un sujet qui intéresse de plus en plus. Il y a 15 ans, c’était plutôt des seniors de 72 à 75 ans qui poussaient la porte de nos agences. Aujourd’hui, ils ont une soixantaine d’années. Et ça, c’est assez terrifiant ; nous assistons à une vraie paupérisation de nos aînés.
Comment Viagimmo adapte-t-il son offre pour encourager les professionnels de l’immobilier à se tourner vers le viager ?
Viagimmo s’est développé via le système de la franchise. Il y a trois ans, nous avons également souhaité nous adresser plus largement aux professionnels de l’immobilier en créant une offre dédiée à l’indication d’affaires. Elle permet aux agents immobiliers généralistes d’être apporteurs d’affaires lorsqu’ils rencontrent, dans le cadre de leur prospection commerciale par exemple, une situation que le viager pourrait solutionner.
En cette fin d’année, nous lançons une troisième option : le label Viagimmo.
Cela permet aux professionnels de l’immobilier, mais aussi aux notaires, experts comptables, gestionnaires de patrimoine, banquiers… de se former au viager par le biais de notre organisme de formation certifié Qualiopi et de bénéficier de notre service juridique intégré. C’est une offre sur-mesure que nous construisons avec eux pour qu’ils renseignent le mieux possible leurs clients.
Notre objectif est de rendre accessible une vente souvent complexe, tout en garantissant un cadre juridique solide et une démarche éthique.
Aurélie Tachot est une journaliste spécialisée dans l'immobilier, qu'elle aime aborder sous le prisme des innovations, notamment technologiques. Après avoir été rédactrice en chef de plusieurs médias spécialisés, elle collabore avec Le Journal de l'Agence afin de rédiger des articles d'actualité sur les acteurs qui font l'immobilier d'aujourd'hui et qui feront celui de demain.