Crise du logement : les grands noms de l’immobilier alertent sur la situation du logement

Incertitude économique, difficultés à obtenir des prêts, hausse des taux d’intérêts, baisse du pouvoir d’achat, production insuffisante pour répondre à la demande… le marché immobilier, ancien comme neuf, est entré dans une zone de turbulence depuis quelques mois. Face aux prémices d’une crise du logement annoncée, plusieurs personnalités ont décidé de tirer la sonnette d’alarme ces derniers jours. Tour d’horizon des principales réactions…

Real estate houses and a red arrow down. Lower mortgage interest rates. Falling prices for rental apartments. Low demand for home buying. Market recession. Low liquidity, investment unattractiveness.

Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a été le premier à donner le coup d’envoi dans une interview accordée au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Au cours de l’entretien, ce dernier a poussé un cri d’alerte sur le manque de logements en France, prédisant que la France va au-devant d’une catastrophe. En cause ? Le décalage entre le nombre de biens disponibles ou de constructions et la demande. Le nombre de logements disponibles qui devrait rester « en dessous de 300 000 en 2024 » sera ainsi bien loin des 500 000 nécessaires chaque année. Pour Geoffroy Roux de Bézieux, le sujet du logement « devrait être la grande cause du quinquennat ».

Même son de cloche du côté de Véronique Bédague, présidente directrice générale de Nexity et coanimatrice du Conseil national de la refondation consacré au logement, qui est , quant à elle, montée au créneau dans une interview accordée à France Inter, pour pointer le manque d’offres de logements neufs depuis plusieurs années. « On ne construit pas assez », a-t-elle ainsi martelé, rappelant au passage que « l’arrivée de la guerre en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt a diminué de 25 % le pouvoir d’achat immobilier des Français ».  Elle appelle les autorités à se saisir pleinement de cette « crise du logement qui est un poison lent, mais un poison extrêmement sûr » et qui cache « une crise sociale sous-jacente extrêmement forte ». Et pour cause les indicateurs sont aujourd’hui au rouge avec « 100 000 personnes mal logées de plus, 10 % de personnes de plus à la rue, 100 000 demandeurs de logement social en plus l’année dernière… », a souligné la PDG de Nexity.

Danielle Dubrac, présidente de l’UNIS, n’est pas en reste. Dans une interview accordée à l’émission Télématin sur France 2, cette dernière est venue rappeler les causes de la crise du logement : « un arrêt du neuf », « une fuite des bailleurs à cause de l’étiquette énergétique », et « des crédits bloqués avec une impossibilité d’acheter quand on est jeune ou moins jeune pour pouvoir avoir accès au logement ». Pour répondre au manque du logement en France, la présidente de l’UNIS appelle le gouvernement à créer un statut de bailleur privé. Et pour cause : la France recense aujourd’hui 17 millions de locataires et seulement 5 millions de logements sociaux. Le parc locatif privé a donc un rôle clé à jouer face à cette crise du logement. « Il faut donner un statut au bailleur privé car c’est un vrai acteur économique et lui permettre de louer un logement rénové à un loyer abordable. Si on lui permet de l’amortir comptablement, cela va lui donner une capacité d’autofinancement pour faire ses travaux. La condition de louer en dessous des prix du marché va donner du pouvoir d’achat au locataire », a-t-elle ainsi expliqué au cours de l’entretien.

Quant à Alain Duffoux, président du SNPI, il a choisi d’alerter le gouvernement sur la crise du logement qui se profile en France à travers une lettre adressée au ministre du logement, Olivier Klein. Il y fait ainsi un constat des dysfonctionnements qui sont à l’origine des répercussions que subissent les professionnels des métiers de l’immobilier. Le président du SNPI rappelle ainsi que la profession immobilière est aujourd’hui non seulement « touchée par le contexte économique mais également par les décisions engagées par le gouvernement ainsi que par le manque de réaction de l’Etat afin de soutenir nos activités ».

La loi Climat et Résilience, dont les dispositions ne sont pas applicables en l’état selon le président du SNPI, est ainsi pointée du doigt : « En effet, alors que la loi s’appuie sur les diagnostiques de performance énergétique, base de tout calcul, pour mettre en place les dispositifs à venir, chacun sait que les DPE ne sont pas fiables. » Une véritable problématique à l’heure où un mauvais DPE entraîne une baisse importante de la valeur des biens immobiliers et par là même une baisse des honoraires des agents immobiliers. « Aujourd’hui, il y a urgence à trouver une porte de sortie honorable afin que les propriétaires ne soient pas pénalisés par une perte de valeur de leur patrimoine et que les bailleurs ne soient pas dans l‘obligation de vendre, faisant au passage baisser l’offre locative en France. Nous savons tous que le logement social ne peut, à lui seul, répondre à la demande croissante », a-t-il ainsi souligné.

Reste à savoir si la feuille de route des 100 jours d’actions du gouvernement présentée par Elisabeth Borne permettra de rassurer les acteurs de l’immobilier. La première ministre a ainsi indiqué, le 26 avril dernier, dans un discours devant le Conseil des ministres vouloir « faciliter l’accès au logement de tous les Français, notamment dans les zones où l’offre est insuffisante ».  Dans cette optique, le gouvernement compte « solliciter les banques pour améliorer l’accès au crédit des ménages, donner de la visibilité sur l’évolution du prêt à taux zéro et mobiliser la Caisse des dépôts pour racheter des logements neufs qui peinent à trouver des acquéreurs et débloquer ainsi les programmes en attente ». Une affaire à suivre.

 

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Stéphanie Marpinard: Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.