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Observatoire Crédit Logement / CSA : la production de crédits immobiliers chute de 51,2 % au 2ème trimestre 2023

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À l’occasion des 15 ans de son baromètre, l’Observatoire Crédit Logement/CSA publie des chiffres importants : le deuxième trimestre 2023 est marqué par une dégradation de plus en plus prononcée du marché des crédits immobiliers.

photo : Observatoire Crédit Logement CSA

La progression des taux ralentit

La remontée du taux moyen se poursuit. Depuis janvier 2023, le taux moyen de 18 pdb par mois en moyenne. Si l’augmentation a été rapide au 1er trimestre (+ 23 pdb par mois), exprimant un besoin de rattrapage, la progression mensuelle a ralenti au 2ème trimestre (+ 14 pdb par mois). 

La revalorisation du taux d’usure intervenue à compter de janvier, puis sa mensualisation ont permis un ajustement plus rapide du taux des crédits immobiliers face à l’évolution rapide du coût des ressources de financement (taux de refinancement de la BCE porté à 4 % à partir du 21 juin et taux moyen de rémunération des dépôts d’épargne des ménages).

Mais même si la profitabilité des nouveaux crédits ne se dégrade plus depuis le début du printemps, elle ne s’est pas rétablie. La production ne connaît pas de rebond, malgré la mensualisation du taux d’usure.

En juin, le taux moyen atteint 3,45%. Les taux dépassent 3.50 % pour les ¾ des emprunteurs sur les prêts immobiliers à 25 ans et pour la moitié d’entre eux sur les prêts à 20 ans.

La durée moyenne des prêts à 20 ans et 9 mois 

Au 2ème trimestre 2023, la durée moyenne des prêts accordés était de 249 mois. 

L’allongement de la durée des crédits n’est plus suffisant pour compenser les conséquences de la hausse des prix des logements et des taux d’intérêt ou amortir l’impact du niveau des taux d’apport personnel exigés sur les capacités d’emprunt des ménages. 

Un ménage qui pouvait emprunter 100 K€ à la fin de 2021, ne peut plus emprunter que 79.5 K€ en juin 2023 en raison de la hausse des taux. Avec des durées plus longues en juin un ménage peut emprunter 81.5 K€. L’avantage différentiel associé à l’allongement de la durée et permettant de préserver en partie la capacité d’emprunt n’est plus que de 2 K€ en 2023. 

L’impact de l’allongement de la durée moyenne sur la structure de la production marque maintenant le pas. Ainsi en juin 2023, 66.6 % des prêts bancaires à l’accession à la propriété ont été octroyés sur une durée comprise entre plus de 20 ans et 25 ans.

Le niveau de l’apport personnel progresse moins rapidement

Depuis le début de l’année, les revenus des emprunteurs s’élèvent à un rythme comparable à celui de l’indice des prix à la consommation. 

Avec le renforcement des exigences d’un apport personnel plus élevé, la demande se transforme. L’accès au marché devient de plus en plus difficile, aussi bien pour les emprunteurs dont le revenu ne leur permet plus de satisfaire aux exigences de taux d’effort imposées par les autorités de contrôle des banques, que pour les ménages aisés ne pouvant plus disposer d’un apport suffisant au regard des prix pratiqués dans les grandes agglomérations. 

Sur un marché qui se transforme, le niveau de l’apport personnel progresse moins rapidement quand le coût des opérations réalisées recule, après plusieurs années de progression rapide.

Une baisse d’activité qui se renforce dans tous les secteurs de l’immobilier résidentiel

Les revalorisations du taux d’usure intervenues depuis le début de l’année ont facilité un accroissement des taux des crédits immobiliers. 

L’offre de crédits n’a cependant pas pu se redresser en raison du relèvement du coût des ressources qui pèse sur les marges des banques. La nouvelle augmentation des taux de la BCE a empêché le rétablissement des taux de profitabilité des nouveaux crédits octroyés.

En revanche, la dégradation de la solvabilité de la demande provoquée par l’augmentation du taux des crédits a eu un impact négatif certain. Dans ces conditions, le 2nd trimestre 2023 est marqué par une dégradation de plus en plus prononcée du marché des crédits immobiliers.

Durant le 1er semestre 2023, la production de crédits a reculé de 46.1 % en glissement annuel. Le rythme de la baisse s’est donc accéléré, la baisse étant de 51.2 % pour le seul 2ème trimestre. Et au final, la contraction du marché est de 41.0 %, pour une production mesurée en niveau annuel glissant.

 

Michel Mouillart

Michel Mouillart est Professeur émérite à l’Université et FRICS (Fellow de la Royal Institution of Chartered Surveyors). Il est Docteur d’Etat en Economie et Docteur sur travaux en Economie et Financement du Logement.

L’essentiel de son action dans le secteur du logement a consisté en la réalisation d’études et de recherches sur le secteur de l’immobilier résidentiel. Il a ainsi mis en place ou contribué au développement de nombreux observatoires qui ont trouvé leur place dans le système d’informations sur le logement privé en France. Il assure la direction scientifique de ces observatoires : les crédits aux ménages (Fédération Bancaire Française) depuis 1989, les loyers du secteur locatif privé (CLAMEUR) de 1998 à 2019, la production de crédits immobiliers aux particuliers (Observatoire de la Production de Crédits Immobiliers) depuis 1999, l’accession à la propriété (Institut CSA) depuis 1999, l’Observatoire Crédit Logement/CSA depuis 2007 et l’Observatoire LPI sur les prix des logements neufs et anciens depuis 2011.

En tant que personnalité qualifiée, il a été nommé et il siège au Conseil National de l’Habitat depuis 1990. Il a ainsi été Président de nombreux groupes de travail du Conseil National de l’Habitat, dont récemment le groupe « Redynamiser l’accession à la propriété » (2023). Il avait aussi été rapporteur des « Rencontres ConstructionAménagement du Territoire » de l’Assemblée Nationale de 1989 à 2001.

Par ailleurs, et toujours en tant que personnalité qualifiée, il a été membre du Conseil National de l’Information statistique (1991-2000), de la Commission des Comptes du Logement 1992-2014) et de l’Observatoire National de la Pauvreté et de l'Exclusion Sociale (2006-2013). De même, il a été Administrateur de l’Office HLM de la ville de Nanterre (1983-2014) et de la Fédération Nationale Habitat et Développement (2008- 2015).

Depuis 2010, il est membre du Conseil de Développement du Pays de Brest, toujours en tant que personnalité qualifiée. Et depuis 2015, il est administrateur de SOLIHA-Finistère.

Auteur régulier de nombreux articles dans des revues scientifiques ou professionnelles, il a publié ou participé à la publication de nombreux ouvrages sur l’économie et le financement du logement.

Il est par ailleurs Chevalier de la Légion d’Honneur et Chevalier dans l’Ordre National du Mérite.

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