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RENT 2023 : « L’immobilier entre dans l’ère de la décarbonation » Jérôme REVY, Venture Partner chez NCI

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La décarbonation du secteur immobilier est plus que jamais une priorité. Elle est d’ailleurs au programme des échanges du Salon RENT organisé ces 8 et 9 novembre prochains. Et pour cause : les enjeux environnementaux et sociétaux offrent des opportunités pour transformer le secteur de l’immobilier en innovant encore davantage.

photo : CO2, décarbonisation, concept ville écologique sous le ciel bl

L’Etat a engagé le secteur immobilier dans un grand plan de réduction des émissions carbone à horizon 2050 : 49 % à l’horizon 2030 et décarbonation complète en 2050. Or, le bâtiment représente 23 % des émissions de GES en France. L’enjeu est donc de taille autant pour les 5 à 7 millions de passoires thermiques et que pour le milliard de m2 de surfaces dans le secteur tertiaire, quand on sait que celui-ci représente 30 % des consommations énergétiques.

À côté de ces nouveaux enjeux, les start-up de la Proptech qui, depuis une dizaine d’années, s’étaient attachées à fluidifier les opérations de transaction et de gestion ont largement contribué à digitaliser le secteur et continueront encore à le faire. Il reste encore beaucoup à faire pour proposer un parcours locataire plus fluide ou pour rendre accessible l’investissement locatif, l’acquisition de sa résidence principale, promouvoir d’autres formes d’habitat pour les séniors et les jeunes professionnels ou rendre plus visible l’action du syndic de copropriété. Mais s’il y a bien un sujet dont les acteurs de la Proptech devraient particulièrement s’emparer c’est celui de la décarbonation !

Les sujets d’impact s’installent progressivement dans la vie des gens, et donc dans la vie des professionnels de l’immobilier, surtout depuis que ce sujet devient une contrainte.

Pour réduire l’impact carbone du secteur de l’immobilier, il faut s’attaquer à ses causes que sont principalement sa construction et sa consommation énergétique.
S’agissant de la consommation énergétique, même si l’énergie électrique est la moins carbonée d’Europe, une étude de l’ADEME de 2013 montrait que le gaz, le fioul et le bois participaient encore pour plus de 50 % au mix energétique des modes de chauffage, et que les équipements électriques n’étaient globalement pas centralisés mais individuels.

Dans cette perspective, les outils de mesure et de diminution des consommations notamment via l’internet des objets (IOT) ont un rôle particulièrement important à jouer, tant dans l’habitat individuel que dans l’habitat collectif.

On peut aller un peu plus loin en parlant d’autoconsommation, car pourquoi ne pas produire soi-même sa propre énergie avec des kits photovoltaïques à monter soi-même, ou bien en stockant l’énergie produite par le solaire ou le réseau quand elle n’est pas chère pour la restituer quand elle est plus chère.

Mais pour bien travailler en amont, la rénovation énergétique des logements est indispensable et le chantier est immense.

Quant aux nouvelles constructions, elles émettent du carbone avant même la pose de la première pierre simplement parce qu’elles sont majoritairement construites en béton, lequel est fabriqué à partir de ciment et, on le sait, le béton est très émetteur de CO2 quand il est produit ; 1 tonne de béton c’est 0,62t CO2 eq. Les solutions de remplacement existent, on pense évidemment au béton bas carbone dont l’impact est de 20 à 40 % plus faible, mais le promoteur Woodeum n’a pas attendu pour produire des immeubles avec des ossatures en bois, et quelques start-up commencent à produire des modules pré-assemblés en usine avec des matériaux bas carbone.

De même que les matériaux biosourcés ont la cote comme la paille pour l’isolation, ou le carbone pour remplacer le métal. Il existe de nouveaux matériaux comme la peinture blanche qui reflète 98 % de la lumière et est utilisée comme un isolant, ou encore les revêtements bio charbons capables d’absorber le CO2.
Par ailleurs, la RE2020 a obligé les nouvelles constructions à s’aligner sur des techniques environnementales vertueuses (analyse du cycle de vie des bâtiments, amélioration de la performance de l’isolation, nouveaux modes de chauffage…). Lesquelles donnent là aussi lieu à de nombreuses innovations technologiques (voir encadré).

Toutes ces solutions ont de près ou de loin un impact sur l’immobilier, et même si elles peuvent s’assimiler à des « climate tech » on peut les revendiquer pleinement comme des Proptech d’avenir. Ajoutons à cela les enjeux sociétaux énormes avec la diminution du pouvoir d’achat et la difficulté d’accès au logement, la liste des sujets à traiter par les Proptech s’allonge à chaque crise. Fini, donc, le temps des gadgets vidéos, des solutions 3D ou des énièmes néo agences ou portails immobiliers, place à l’impact.

Qu’est ce que l’empreinte carbone ?

L’empreinte carbone mesure l’impact d’une activité sur les émissions de gaz à effet de serre liées à cette activité. Dans le secteur du logement, l’empreinte carbone est la somme des émissions de GES nécessaires pour construire le logement et l’exploiter, c’est-à-dire, traiter l’eau, les déchets et les consommations énergétiques nécessaires pour chauffer le logement.

En France, si l’on décompose l’empreinte carbone du secteur de l’immobilier il apparaît que celle-ci est principalement constituée par la construction et la consommation de l’énergie, même si celle-ci est relativement bien décarbonnée en France. Elle est estimée à 2,4 t CO2 par personne.

Jérome Revy

Diplômé en télécoms et en science politique, Jérôme Revy a fait ses premiers pas dans les nouvelles technologies de l’immobilier en lançant en 2009 la startup Geoimmo, premier portail d’annonces géolocalisées sur mobile, et première application permettant de visualiser les biens en réalité augmentée en France.

Geoimmo rejoint le groupe éditeur de logiciels Gercop en 2014 puis il rejoint Hervé Parent en tant qu’organisateur du salon RENT en 2018. Il créé avec Eric Calosci et Hervé Parent l’accélérateur Proptech Property Business Accélérator qui accompagne les professionnels de l’immobilier et les startups.

En 2021 il rejoint également NCI, l’un des fonds d’investissement les plus actifs dans la Proptech pour apporter sa contribution à la digitalisation des secteurs de l’immobilier, de la construction et de la smart city.

Administrateur de la FF2I - Proptech France, il contribue à organiser des événements pour l’écosystème proptech en France.

Chanteur ténor et passionné de karakoé, il est toujours partant pour finir ses soirées en chantant, mais il faudra réviser vos grands classiques de la chanson française pour tenir un duel équitable avec lui.
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