Après dix ans d’attente depuis la loi ALUR, le Conseil d’État a sommé le gouvernement de publier, d’ici août, le décret précisant les conditions de compétence professionnelle des collaborateurs d’agents immobiliers. Saluée par la FNAIM comme une avancée historique, cette injonction relance un chantier réglementaire attendu, mais qui suscite des attentes fortes en matière d’exigence et de rigueur, comme le souligne l’expert Henry Buzy-Cazaux.
Pour la FNAIM, cette décision répond à une préoccupation centrale : garantir un socle de compétences homogène à l’entrée dans le métier. Loïc Cantin, président de la Fédération, a d’ailleurs rappelé que cette formation vise à professionnaliser les acteurs, non à ériger des barrières.
Vers un consensus prudent sur le format de la formation
Selon les propositions portées par la FNAIM, les futurs collaborateurs devront justifier soit de 18 mois d’expérience professionnelle, soit d’un cursus de 42 heures de formation, mêlant présentiel (28h) et distanciel (14h). Ce schéma fait écho aux orientations du Conseil national de la transaction et de la gestion immobilières (CNTGI), qui doit finaliser ses recommandations pour orienter la rédaction définitive du décret.
Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du management des services immobiliers, appelle cependant à la vigilance dans une tribune publiée par Capital : « Il ne s’agit pas de jeter de la poudre aux yeux. » Selon lui, la réussite de cette réforme dépendra de la qualité pédagogique du dispositif. Le tout distanciel, par exemple, risquerait de diluer les bénéfices d’une formation censée ancrer des réflexes professionnels et une culture du droit immobilier.
Présentiel, contrôle et crédibilité
L’expert insiste également sur la nécessité d’un contrôle rigoureux des compétences acquises. Il plaide pour une épreuve finale, en présentiel, sur le modèle du code de la route : un passage obligé pour garantir le sérieux du dispositif et éviter les dérives. Un tel système assurerait, selon lui, la légitimité de cette nouvelle norme professionnelle auprès du grand public et renforcerait la crédibilité du secteur.
Un enjeu stratégique pour toute la profession
Derrière les débats techniques, c’est la reconnaissance et la structuration du métier qui se jouent. « Cette réforme, bien conçue, renforcera la confiance des clients, la défense des honoraires et l’attractivité des carrières immobilières », conclut Buzy-Cazaux. Pour les professionnels, la balle est désormais dans le camp du Gouvernement, sommé de transformer cette opportunité en socle durable de professionnalisation.