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Offre au-dessus du prix du mandat : droits et honoraires de l’agent immobilier

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Une offre au-dessus du prix prévu au mandat soulève régulièrement des questions pour les professionnels de l’immobilier : le vendeur peut-il l’accepter et l’agent conserver ses honoraires ? Cette analyse explique les règles à connaître pour sécuriser chaque transaction. Analyse de Sacha Boyer, fondateur de MyNotary.

Offre au-dessus du prix du mandat : droits et honoraires de l’agent immobilier

Dans cette situation, il faut d’abord comprendre ce qui engage réellement le vendeur et quelles sont ses obligations selon le type de mandat confié à l’agence.

Premièrement, la première offre au prix engage-t-elle le vendeur ?

C’est la première question à laquelle il convient de répondre pour comprendre les obligations autour de l’acceptation d’une offre. Et la réponse va dépendre du fait que le vendeur reçoive l’offre par une agence ou non.

Si le vendeur gère la vente lui-même, alors en principe la première offre au prix qu’il reçoit doit être acceptée.

Pourquoi ? Parce que juridiquement, dès qu’il y a accord sur la chose et sur le prix, la vente est considérée comme conclue. L’article 1583 du Code civil ainsi que des jurisprudences anciennes s’étaient prononcés en ce sens (Cass. 3e civ., 28 nov. 1968, n° 67-10.935 ; Cass. 3e civ., 1e juill. 1998, n° 96-20.605).

Attention : si l’offre est trop vague, on considère qu’il ne s’agit pas d’une acceptation ferme, mais simplement d’une invitation à négocier (article 1114 du Code civil). En cas de litige, les juges apprécieront au cas par cas si l’annonce comme l’offre formulée sont assez précises pour former une rencontre des volontés sur un bien et un prix.

À lire aussi : Mandat d’entremise et offre d’achat : l’agent immobilier peut-il engager le vendeur ?

Si le vendeur a confié la vente à une agence immobilière, la réponse est différente.
L’agent qui reçoit une offre au prix doit obligatoirement la transmettre au vendeur, mais ce dernier peut très bien la refuser.

Pourquoi ? Parce que dans la majorité des cas, l’agence dispose d’un simple mandat d’entremise : elle est chargée de présenter des acquéreurs, pas de conclure la vente elle-même (Cass. 3e civ., 12 février 2008, n° 06-21.709). Le vendeur garde donc le dernier mot. Et en principe, l’agence ne peut pas réclamer d’indemnité pour ce refus, sauf si l’acheteur a finalisé la vente en contournant l’agence pour éviter de payer les frais.

La Cour de cassation est claire : l’agent n’a droit à ses honoraires que si le vendeur l’a sciemment privé de sa rémunération (Cass. 1re civ., 16 novembre 2016, n°15-22.010).

La barrière est fine mais il existe une hypothèse dans laquelle il y a véritablement mandat de vente : s’il contient une clause autorisant l’agent à accepter une offre au prix et à signer le compromis au nom du vendeur. Dans ce cas, le mandat vaut procuration. L’agent est alors tenu d’accepter la première offre au prix. En pratique, ce type de clause est rare en raison des lourdes responsabilités qu’elle implique pour l’agent immobilier.

À lire aussi : Agents immobiliers : votre responsabilité engagée en cas de non-transmission d’une offre d’achat

Quid de l’offre plus élevée ?

À l’appui des explications précédentes, on comprend plusieurs choses :

  • Si un particulier qui vend seul reçoit une offre supérieure au prix, il ne peut en principe pas l’accepter s’il a déjà reçu auparavant une offre au prix.
    En revanche, si la première offre reçue est supérieure au prix, il pourra l’accepter.
  • Si une agence détient un mandat de vente avec une clause lui permettant d’engager le vendeur, c’est la même chose : elle ne peut pas non plus accepter une offre supérieure si une offre au prix a déjà été reçue.
    En revanche, si la première offre reçue est au-dessus du prix, elle pourra l’accepter et c’est d’ailleurs dans l’intérêt du mandant.
  • Si une agence dispose d’un mandat d’entremise, elle doit transmettre toutes les offres au vendeur, qu’elles soient au prix ou supérieures (article 8 du Code de déontologie des professionnels de l’immobilier). C’est ensuite au vendeur de choisir. Mais attention : une offre acceptée l’engage définitivement. Ainsi, s’il accepte une offre au prix, il ne pourra pas se rétracter pour choisir une offre plus élevée arrivée après.

Reste la question des honoraires, souvent calculés en fonction du prix de vente.

Si le mandat fixe un montant précis, il faudra un avenant pour ajuster les honoraires. Si le vendeur refuse, vous devrez vous en tenir aux conditions du mandat initial.

La réponse est différente si les honoraires sont indiqués en pourcentage du prix de vente : l’article 75 du décret n°72‑678 du 20 juillet 1972 autorise l’ajustement des honoraires dans la promesse de vente si le prix a évolué, sans qu’un avenant soit obligatoirement requis. Toutefois, pour sécuriser juridiquement la modification, la signature d’un avenant reste vivement recommandée.

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SNPI

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Vos réactions
  • Par L'équipe MyNotary, il y a 28 jours

    Bonjour Monsieur VILLARD,

    Nous vous remercions pour votre message. Vous avez tout à fait raison de souligner que ce sujet est particulièrement délicat et doit être abordé avec prudence. Ce que nous avons souhaité rappeler dans l’article, c’est que juridiquement, la vente est en principe formée dès la rencontre des volontés sur la chose et sur le prix, conformément à la jurisprudence et à l’article 1583 du Code civil. Toutefois, comme vous le soulignez à juste titre, cette règle n’est pas absolue. De nombreux critères peuvent venir nuancer cette analyse. C’est pourquoi nous précisons que si le vendeur, ou l’agent le représentant, reçoit une offre au prix, en principe (à souligner), il doit l’accepter. Néanmoins, le sujet reste complexe et ne permet pas d’apporter une certitude absolue, chaque situation devant être appréciée selon ses circonstances propres.
    Comme nous l’avons indiqué, en cas de litige, ce sont les juges qui apprécieront, au cas par cas, si l’annonce et l’offre permettent réellement de constater une rencontre des volontés sur la chose et sur le prix.

    Nous vous remercions encore pour votre lecture et vos remarques constructives.

    Bien cordialement,

  • Par r.villard@immodroit-formation.fr, il y a 1 mois

    Bonjour, j’ai lu votre article avec intérêt et étant souvent soumis à ce type de question je m’interroge sur vos réponses lorsque vous dites : « Si un particulier qui vend seul reçoit une offre supérieure au prix, il ne peut en principe pas l’accepter s’il a déjà reçu auparavant une offre au prix. » ou « Si une agence détient un mandat de vente avec une clause lui permettant d’engager le vendeur, c’est la même chose : elle ne peut pas non plus accepter une offre supérieure si une offre au prix a déjà été reçue. » En laissant de coté le sujet épineux de l’offre supérieure qui à ma connaissance n’a pas donné lieu à Cassation, cela qui sous entend que l’offre au prix doit être systématiquement acceptée alors qu’elle me parait tout même soumise a quelques aléas qu’il n’est pas négligeable de mettre dans la balance pour laisser une marge de manœuvre au vendeur (on pensera au type de paiement (avec emprunt ou non) ainsi qu’a l’éventuelle origine des fonds). Je n’ai pour ma part trouvé aucune jurisprudence suffisamment récente sur le sujet qui justifie cette position qui je pense pourrait induire en erreur les lecteurs.
    Cordialement,
    Romain Villard

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