RENT 2025 : Les réseaux de mandataires arrivent en force après une année où ils ont surperformé le marché

Après trois années difficiles, le marché immobilier français repart depuis début 2025. Tous les acteurs, agences comme réseaux de mandataires, constatent un rebond de l'activité avec notamment un retour des primo-accédants. Dans ce marché, les réseaux de mandataires surperforment avec des taux de croissance largement supérieurs à la moyenne nationale. Décryptage de Vincent Pavanello, président de la Maison des Mandataires.
Vincent Pavanello La maison des mandataires

Le marché immobilier redémarre enfin

Le marché immobilier français a engagé sa reprise en 2025, après trois années de forte contraction. La FNAIM anticipait en juin un total de 940 000 transactions en 2025, ce qui équivaut à une hausse annuelle d’environ 10%. C’est assez cohérent avec les derniers chiffres publiés par Century 21 pour le T3 2025, qui parlent de + 8 % à + 10 % de transactions par rapport au T3 2024.

Cette reprise repose sur deux leviers principaux. D’abord, la détente des taux de crédit, passés de 4,21 % à 3,11 % entre fin 2023 et juillet 2025. La production de crédits à l’habitat est repartie à la hausse, passant de 8 à 12,5 milliards d’euros en cumul sur douze mois entre le printemps 2024 et le printemps 2025. Ensuite, la révision à la baisse des prétentions des vendeurs, que beaucoup de conseillers ont constaté sur le terrain.

Les réseaux traditionnels Century 21, Orpi et Laforêt confirment tous cette dynamique dans leurs notes de conjoncture respectives, et la relative stabilité politique retrouvée depuis la non-censure du gouvernement peut nous rassurer sur les perspectives de la fin d’année, même si le contexte reste fragile.

Il semblerait que les grands réseaux de franchise fassent un peu mieux que le marché, les dirigeants de Laforêt et Nestenn ayant respectivement annoncé + 17 % et + 18 % de volumes de ventes par rapport à l’année dernière.

Les réseaux de mandataires font mieux que le marché

Quid des réseaux de mandataires qui ont connu en 2022-2024 leur première vraie crise immobilière (ils étaient presque inexistants en 2008 et 2012, les deux dernières périodes de fort ralentissement) ? D’après les éléments communiqués publiquement, ces réseaux surpassent spectaculairement le marché dans des proportions que peu d’observateurs avaient anticipé. Nos amis de Xerfi avaient prédit en janvier 2025 que “dans un premier temps, ce sont surtout les agences immobilières traditionnelles, avec vitrine, qui profiteront de la reprise”. Ils se sont trompés.

Sans entrer dans le détail de la performance de chaque réseau de mandataires, on peut dire que les progressions de chiffre d’affaires vont de + 20 % à + 45  % selon les enseignes contre seulement + 10 % sur le marché. Et cela se vérifie à la fois chez les plus grands réseaux comme iad, Safti, Capifrance, BSK, propriétés-privées.com et Efficity, et chez les réseaux de taille plus moyenne comme 3G Immo, Exp France ou encore Expertimo. Il suffit de lire les communications récentes de ces acteurs pour avoir le détail et se faire une idée. A titre d’exemple, si on regarde uniquement les deux plus grands réseaux, iad a annoncé un S1 2025 « historique » avec + 30 % de chiffre d’affaires en France et Safti affiche au S1 2025 un chiffre d’affaires de 100 M€ en hausse de 31 % sur un an.

Quand les réseaux de mandataires affichent des progressions comprises entre + 20 % et + 45  % selon les enseignes, et que le marché global progresse de 10 %, le constat est mécanique : les réseaux prennent massivement des parts de marché.

Les réseaux détenaient 26 % des parts de marché fin 2024. À ce rythme, ils pourraient atteindre 28 % voire 29 % fin 2025 avec le 30 % en ligne de mire, un niveau jamais atteint en France.

À lire aussi : « Les réseaux de mandataires subissent la crise mais résistent mieux que le marché » : tribune de Vincent Pavanello

Une croissance saine

La croissance des réseaux de mandataires immobiliers en 2025 se distingue par son caractère particulièrement sain.

Elle repose sur trois piliers :

  1. une augmentation du chiffre d’affaires par mandataire (croissance intensive plutôt qu’extensive),
  2. une professionnalisation accrue des recrutements avec l’arrivée de profils déjà expérimentés dans l’immobilier,
  3. et une diversification stratégique des revenus démontrant leur capacité d’innovation.

Une forte augmentation du chiffre d’affaires par conseiller

Alors que les chiffres d’affaires des principaux réseaux ont progressé de 20 à 45 %, le nombre de mandataires est resté relativement stable, n’augmentant que de 10 % maximum chez les réseaux ayant le plus recruté.

Cette équation démontre mécaniquement une augmentation considérable du chiffre d’affaires par conseiller, de l’ordre de 20 à 45 %, signe d’une performance commerciale accrue au niveau individuel.

Cette croissance intensive, plutôt qu’extensive, témoigne d’une meilleure efficacité opérationnelle et d’une montée en compétence des équipes, loin d’une simple stratégie de volume.

La plupart des réseaux, dont Efficity, Capifrance ou encore Expertimmo, annoncent un chiffre d’affaires moyen par conseiller qui repasse au-dessus des 50 000 euros. Cela s’explique notamment par une meilleure défense des honoraires, elle-même étant la conséquence de la reconnaissance du client final quant à la qualité du service rendu par les mandataires.

Plus de pros parmi les nouveaux conseillers

Le profil des nouveaux entrants dans les réseaux de mandataires confirme cette tendance à la maturation du secteur. Chez IAD, la part des professionnels de la transaction parmi les nouvelles recrues est passée de 12 % à 22 % en quelques mois (juillet 2025), soit un quasi-doublement.

Propriétés Privées affiche des chiffres encore plus significatifs avec 60 % de ses recrues issues de la transaction immobilière, majoritairement d’ex-agents d’agences traditionnelles (fin 2024).

Efficity, enfin, a vu le nombre de professionnels passer de 15 % à 58 % entre 2023 et 2025. Cette professionnalisation du recrutement garantit une qualité de service supérieure et une productivité immédiate, renforçant la crédibilité et la performance globale des réseaux.

Une diversification des revenus et des modèles

Au-delà de la transaction pure, les réseaux de mandataires innovent en diversifiant leurs sources de revenus.

IAD, Propriétés Privées et Efficity génèrent désormais une part croissante de leurs revenus via la gestion locative. Plus encore, Propriétés Privées (avec OPEN) et Efficity (avec ByEfficity) ont lancé des offres inédites d’hébergement pour agences immobilières vitrées, leur permettant de réduire leurs charges jusqu’à 70 % tout en conservant leur enseigne.

Ces modèles hybrides connaissent un succès immédiat : une trentaine de professionnels ont déjà adhéré chez Efficity depuis mars 2025, tandis que Propriétés Privées compte une dizaine d’agences signées et une trentaine en cours d’ouverture depuis juin. De son côté, iad a mis en place le TIP by iad pour Team Integration Program : un dispositif attractif pour toutes les équipes de professionnels qui rejoignent iad.

Comment expliquer cette surperformance ?

Trois explications principales se dégagent pour comprendre ce succès des réseaux de mandataires en 2025.

Des coûts fixes limités qui ont permis de mieux résister

Les réseaux de mandataires voyagent léger. Leurs conseillers ne supportent qu’une cotisation mensuelle comprise entre 100 et 200 euros selon les modèles. Durant la crise 2022-2024, cette structure de coûts ultra-légère a permis d’éviter les restructurations massives qu’ont connues certaines agences traditionnelles.

Résultat : au premier signal de reprise, les réseaux disposent de forces commerciales intactes, prêtes à rebondir immédiatement.

Des entrepreneurs qui prospectent dès que le marché redémarre

25 % des nouveaux conseillers d’IAD sont désormais des professionnels issus d’agences, contre 12 % il y a deux ans. Ces mandataires, tous entrepreneurs indépendants, réagissent très vite aux signaux positifs du marché. Dès que les taux baissent et que les compromis repartent, ils multiplient la prospection et les prises de mandats.

En janvier 2025, IAD a enregistré près de 20 000 mandats, soit une progression de 31 % par conseiller.

À lire aussi : « La reprise du marché immobilier est là, et c’est grâce aux Français ! » Xavier Belvaux, We Invest France

Le fruit d’investissements massifs depuis 2021

Les principaux réseaux ont fortement investi dans la formation, la technologie et la structuration depuis Covid.

SAFTI propose 150 000 heures de formation par an au bénéfice de ses 6 500 conseillers et dispose d’une équipe de 60 personnes dédiée aux technologies et à l’intelligence artificielle. Ces efforts de professionnalisation portent leurs fruits aujourd’hui : les conseillers sont mieux formés, mieux outillés, et leurs performances individuelles progressent.

Cette sur-croissance des réseaux de mandataires en 2025 n’est pas conjoncturelle.

Elle illustre une transformation profonde du secteur. Les réseaux captent désormais massivement des professionnels expérimentés qui y voient un modèle économique plus résilient et plus rémunérateur. 32 % des conseillers IAD notent une augmentation significative de leurs revenus, grâce à des rétrocessions pouvant atteindre 85 %.

La reprise du marché en 2025 marque donc un nouveau cycle. Les réseaux de mandataires ne sont plus seulement un canal en croissance : ils deviennent progressivement le modèle dominant de l’intermédiation en France.

Si cette dynamique se poursuit, l’objectif de 30 % de parts de marché que nous évoquions pour 2027 sera probablement atteint dès 2026.

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