« Le marché de la gestion locative revient davantage vers le particulier à particulier », François Moerlen, Locagestion

Alors que les administrateurs de biens perdent du terrain depuis 2023 face au particulier à particulier, François Moerlen, fondateur de Locagestion, mise sur une alliance intelligente entre innovation technologique et relation humaine pour inverser la tendance.
« Le marché de la gestion locative revient davantage vers le particulier à particulier », François Moerlen, Locagestion

Comment analysez-vous l’évolution récente du marché de la gestion locative ?

Nous traversons clairement une année de transition. Jusqu’en 2023, les professionnels gagnaient régulièrement des parts de marché. Depuis, la part des administrateurs de biens est passée de 40 % à 35 %. Cela signifie concrètement que le marché revient davantage vers le particulier à particulier. La valeur ajoutée perçue par les propriétaires, et parfois par les locataires, n’est plus assez évidente pour justifier le recours à un professionnel.

Quelles sont, selon vous, les attentes non satisfaites des bailleurs aujourd’hui ?

Pendant des années, le métier de gestionnaire locatif n’a pas suffisamment été expliqué ni modernisé dans sa présentation. Les propriétaires attendent surtout plus de sécurité (certification des pièces, lutte contre les faux dossiers), plus de fluidité (constitution rapide du bail, état des lieux simplifié, entrée dans les lieux sans friction) et plus de sérénité financière (garantie totale des loyers). Tant que ces points ne sont pas traités de façon visible et systématique, une partie des bailleurs continuera à gérer seule.

Chez Locagestion, comment répondez-vous concrètement à ces attentes ?

Nous avons bâti une plateforme qui couvre l’intégralité du cycle, du mandat de gestion jusqu’à l’entrée effective du locataire. Parmi les innovations déployées cette année, je citerais notamment notre module autonome de constitution du dossier locataire : le candidat locataire accède lui-même à un parcours guidé selon sa situation (CSP, colocation, garants physiques ou personnes morales). Il charge ses pièces, invite ses colocataires et ses garants à faire de même. L’ensemble est ensuite certifié et la solvabilité vérifiée automatiquement. Cela réduit drastiquement les dossiers frauduleux, très présents dans certaines régions.

Par ailleurs, nous proposons une garantie protection intégrale loyer qui assure au propriétaire le paiement du loyer quoi qu’il arrive, même en cas de défaillance du locataire. Ces outils renforcent très concrètement la valeur ajoutée du professionnel.

Au salon RENT cette année, quelles tendances d’innovations ont retenu votre attention ?

Il y a quelques années, tout le monde parlait visites virtuelles, 360°, réalité augmentée… Ces sujets ont quasiment disparu des conversations. Aujourd’hui, la grande thématique, c’est l’intelligence artificielle et son impact sur la location, vente, gestion locative et même syndic. On entend beaucoup parler d’automatisation des tâches, de rédaction d’annonces ou d’analyse de dossiers.

L’IA va-t-elle, selon vous, remplacer l’humain dans ces métiers ?

Non, et c’est important de le dire. L’IA est un formidable outil d’aide à la décision et d’automatisation des tâches répétitives, mais les rapports locatifs et les relations en copropriété restent profondément humains. Ils nécessitent empathie, intelligence émotionnelle et capacité à gérer des situations conflictuelles ou imprévues. Sur ces aspects-là, l’intelligence artificielle est encore très loin du compte. La complémentarité homme-machine restera donc au cœur de nos métiers pendant longtemps.

Stéphanie Marpinard: Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.