Face à une reprise du marché immobilier toujours timide, Danielle Dubrac, la présidente de l’UNIS défend une ligne claire : simplifier les règles, encourager l’investissement locatif et tirer parti des technologies émergentes. Rencontre à l’occasion du salon RENT, qui s’est déroulé début novembre, à Paris.
Quel regard portez-vous sur cette nouvelle édition du salon RENT ?
Le salon RENT reste un rendez-vous très convivial et extrêmement professionnel. C’est la rencontre de professionnels pour les professionnels. Comme chaque année, on y découvre de nombreuses solutions, des innovations fortes portées par des startups comme par des entreprises déjà bien installées. C’est un moment privilégié pour faire du réseau, échanger, partager des expériences.
Sentez-vous une ambiance différente cette année parmi les exposants ?
Oui, je pense qu’une forme d’attente, voire d’inquiétude, plane dans le secteur immobilier. Beaucoup de professionnels se questionnent et cherchent des solutions pour optimiser leur productivité et faire évoluer leur modèle économique. Cet état d’esprit est plus marqué que l’an dernier.
Quelles innovations vous ont particulièrement marquée ?
Le village des startups regorgent d’innovations autour de l’exploitation de la data et de l’intelligence artificielle. Ce sont majoritairement des outils d’aide à la décision ou de gestion conçus pour les professionnels de l’immobilier, dans la droite ligne de ce que nous portons à l’UNIS.
Vous avez rencontré le ministre du Logement sur le salon. Quel message lui avez-vous transmis ?
Nous avons évoqué plusieurs sujets techniques, notamment le contrat de syndic et la banque de la rénovation. Vincent Jeanbrun a bien conscience de la crise du logement. Nos adhérents présents ne lui ont pas demandé de financements supplémentaires, mais plutôt de véritables simplifications administratives pour développer et rénover plus facilement, par exemple. Le ministre a bien entendu ce message : moins de complexité, plus de fluidité.
Quel regard portez-vous sur l’IFI et la fiscalité immobilière actuelle ?
L’idée de taxer toujours davantage n’est pas une solution. On ne regarde jamais assez le solde positif du logement, qui reste de 50 milliards d’euros entre ce qu’il coûte en termes d’aides et ce qu’il rapporte. A force de rogner partout, on fragilise l’investissement locatif. Je crois davantage à des dispositifs incitatifs, notamment autour des donations ou de la rénovation, plutôt qu’à une logique purement fiscale.
Quelle mesure devrait être prioritaire aujourd’hui ?
Sans hésiter : le statut du bailleur privé. Il est indispensable d’encourager l’investissement locatif des particuliers. Sans cela, nous ne résoudrons ni la crise du logement ni la pénurie actuelle.
Quel message souhaitez-vous adresser aux professionnels de l’immobilier ?
Ayez confiance. En vos syndicats, en vos partenaires, en l’avenir. Profitez de ces salons pour échanger, vous inspirer, saisir des opportunités. Oui, le contexte est morose, mais il ne faut pas renoncer car lelogement reste un facteur essentiel de cohésion sociale. Nous avons besoin de vous : en gestion locative, en syndic, en transaction. Ceux qui sont proches de la retraite peuvent être tentés d’arrêter, car le métier se complexifie chaque année. Mais il faut continuer à recruter et attirer les jeunes talents. La diversité des métiers est un atout, mais elle doit être associée à une amélioration des rémunérations. Sans revalorisation des honoraires, le modèle économique ne tient pas.
Comment l’UNIS accompagne-t-elle ses adhérents dans ce contexte ?
Nous les soutenons via une veille juridique permanente, des outils prêts à l’emploi, des formations et des ateliers entre pairs pour partager des solutions et des bonnes pratiques. Nous défendons également leurs intérêts auprès des pouvoirs publics. Nous prônons trois valeurs fortes : solidarité, professionnalisme et convivialité.
Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.