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« Si une levée de fonds apporte de l’argent, elle peut imposer aussi des contraintes», Philippe Lourenco, président de Mister Bell

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Le secteur de l’immobilier attire les jeunes entrepreneurs. Et beaucoup cherchent aujourd’hui des fonds pour développer leur start-up. Voici les conseils de Philippe Lourenco, président de Mister Bell, entrepreneur et investisseur, pour réussir cette étape-clé.

photo : philippe lourenco2

2017 est un millésime en France. Indépendamment de l’immobilier, rien qu’au 1er semestre, il y a eu plus de 1,2 milliard levé en France dans le capital risque (branche du capital investissement consistant à prendre des participations dans de jeunes sociétés). Et on attend 3 milliards sur l’année. C’est deux fois plus qu’en 2016. Et 6 fois plus qu’en 2012. Il y a encore 10 ans, les levées de fonds n’étaient pas systématiques alors qu’elles l’étaient aux Etats-Unis. La France était très en retard. Enfin, une French Tech émerge et prend son envol depuis quelques années. Et l’immobilier n’échappe à la règle : de nombreuses starts-up voient le jour dans ce secteur. Beaucoup de jeunes sociétés qui chercheront, un jour ou l’autre, à renforcer leurs fonds propres et à se développer.

La levée de fonds n’est pas une fin en soi

La 1ère question à se poser lorsque l’on est entrepreneur est : faut-il lever des fonds ? Ce qui est un peu à la mode. Beaucoup d’entrepreneurs pensent que c’est une étape obligée. Ce n’est pas vrai. Si demain, l’entrepreneur a une société qui s’autofinance, pourquoi lever des fonds ? Il ne faut pas oublier que, si une levée des fonds apporte de l’argent, elle peut imposer des contraintes à l’entrepreneur. Et ces contraintes, il faudra les assumer. C’est un vrai choix stratégique : la levée de fonds devient nécessaire quand l’entrepreneur souhaite accélérer la croissance de sa société soit pour embaucher, soit pour développer une technologie…

Avoir bien en tête les conséquences

1ère chose à retenir : lorsqu’il lève des fonds, l’entrepreneur partage le capital avec un investisseur. Il se dilue donc. Faire entrer un investisseur l’oblige à lui rendre des comptes au travers de « reporting ». En effet, celui-ci sera désormais au « board » (conseil de direction) et participera au aux orientations stratégiques de l’entreprise. Il faut aussi bien garder en tête que, si un investisseur met de l’argent, il compte bien le ressortir ensuite avec un multiple. En général, un fonds d’investissement en capital risque (Venture Capital ou VC) peut sortir au bout de 5 ans, de façon partielle ou totale. Lors de cette opération, on établit ce qu’on appelle un pacte d’actionnaires qui impose, lui aussi, des contraintes et peut limiter le pouvoir du fondateur sur certaines décisions.

Une levée de fonds prend du temps

Une levée dure entre 6 à 10 mois. C’est important de le souligner car c’est beaucoup de travail. C’est un autre métier que de chercher à lever des fonds. Il y a des documents préparatoires à rédiger, un business plan à établir, des chiffres à compiler…, pour convaincre des investisseurs. Et cette tâche peut éparpiller l’entrepreneur qui a besoin d’être concentré à 100 % sur son cœur de business. Il faut donc qu’il soit vigilant, qu’il ne se laisse pas déborder et ne néglige pas l’exécution de son métier.

Il faut savoir lever au bon moment

Il faut le faire ni trop tôt ni trop tard. Selon le moment que l’on choisit, il y a différents types d’investisseurs. Il y a trois grandes séquences dans une levée. La 1ère se situe au début lorsqu’on a créé l’entreprise sur ses fonds propres. A ce moment-là, on peut faire un peu de crowfounding (financement participatif) ou faire appel à des copains, à la famille. C’est ce qu’on appelle la Love Money. On ne lève pas beaucoup autour (entre 40 000 € et 100 000€) mais c’est une 1ère manière d’initier son projet. Lorsque la start up est sur les rails mais que l’entrepreneur a besoin d’argent pour embaucher, il peut s’adresser à un fonds d’amorçage. Il peut espérer grâce à cette deuxième typologie d’investisseurs lever entre 200 000 et 500 000 €. Troisième gros tiroir : lorsque le chiffre d’affaires de l’entreprise connaît déjà une traction (croissance), l’entrepreneur peut s’adresser à des VC classiques et lever ainsi plusieurs millions d’euros. Le timing est important : rien ne sert d’aller voir un VC au début. C’est une perte de temps.

Mieux vaut s’entourer

Lorsque c’est la 1ère fois qu’un entrepreneur cherche à lever des fonds, il a intérêt à se faire aider par un professionnel qu’on appelle un leveur de fonds. Celui-ci va le guider dans la rédaction des documents préparatoires. Il est en plus déjà en contact avec les fonds d’investissement. Grace à ces connexions, l’entrepreneur gagnera du temps. Et enfin, le leveur participera à la négociation, ce qui évitera à l’entrepreneur de « tout accepter » et de signer n’importe quoi pour avoir l’argent. Evidemment, tout à un prix : le leveur perçoit autour de 5% du montant levé mais c’est un choix. L’entrepreneur doit se poser la question : est-ce que je tente de lever seul ou est-ce que je me fais accompagner par un professionnel du secteur qui est payant certes mais qui va m’aider à lever mieux, plus vite et de manière mieux négociée. Il ne faut pas oublier aussi que le leveur de fonds, en déchargeant l’entrepreneur d’une partie du travail, le libère et lui permet de rester concentrer sur son business. Ce qui lui évite de prendre des risques…

Attention à la valorisation de sa société

Il ne faut ni surévaluer ni sous évaluer sa start-up. Si, pour ne pas se diluer au sein de sa société, l’entrepreneur la valorise de façon trop importante, il prend le risque qu’aucun investisseur ne rentre au capital. L’entrepreneur court un aussi un autre risque : celui de se voir imposer par l’investisseur des clauses dites de Ratchet qui peuvent être très contraignantes pour lui. Comme dit le dicton : il vaut mieux avoir 70 % de quelque chose de gros que 100 % d’un petit quelque chose…

Olivia Delage/ByBazikPress

 

 

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