Après trois années de crise, la reprise se dessine, mais reste suspendue à de nombreux défis. Entre rêve immobilier et freins à l’achat, les propriétaires misent-ils toujours sur la pierre ? Si la stabilisation des prix et la détente des taux d’emprunt redonnent confiance aux ménages, le secteur reste confronté à des obstacles persistants. Explications et chiffres instructifs tirés d’une étude Orpi.
Un marché immobilier qui renoue avec la confiance
L’étude confirme que les projets des Français reprennent le chemin de la pierre : plus d’un quart des répondants indiquent avoir un projet immobilier dans les 12 prochains mois. Sur le podium, l’ancien sans rénovation séduit 18 % des répondants, quant 17 % des répondants se disent prêts à investir dans un bien avec travaux. Une tendance qui s’illustre déjà dans les volumes de vente : à mi-année, sur l’ensemble du territoire, le réseau Orpi enregistre une hausse des compromis de +12 % (vs 2024).
Une envie d’accès à la propriété qui répond d’abord à un projet de vie pour 17 % des répondants : parmi les recherches prioritaires, plus de 4 français sur 10 (43%) font de la résidence principale leur priorité, tandis que 18 % pensent à la résidence secondaire. Et, la zone géographique a son importance ! 37 % des répondants admettent préférer les biens situés en zone rurale, au bord de la mer ou en montagne dans leur recherche (contre 25% en ville), qu’ils s’agissent de résidences principales ou secondaires.
Preuve que la pierre reste dans les priorités des Français, plus d’un tiers des Français considère que l’immobilier est le placement idéal pour construire son patrimoine.
L’enthousiasme pour l’immobilier semble particulièrement marqué chez les 18-34 ans : 1 jeune sur 2 de moins de 35 ans indique avoir un projet immobilier dans les 12 prochains mois, majoritairement chez les 18-24 ans (53%), suivis de près par les 25-34 ans (49%). S’ils privilégient l’achat dans le neuf (les 18-24 ans représentent 42% des potentiels acquéreurs dans le neuf), ils ne boudent pas pour autant l’ancien avec 1 tiers des répondants qui se projettent dans l’ancien avec ou sans rénovation.
Budget serré, sur-fiscalité, taux d’emprunt… l’immobilier, un rêve devenu inaccessible pour plus d’un quart des Français !
Au-delà du prix, facteur central d’un projet immobilier, les Français se heurtent à d’autres défis : pour 22 % des répondants, l’immobilier est désormais synonyme de contraintes, tandis que 26 % le qualifie de rêve inaccessible. Et les sources de préoccupations sont nombreuses :
Un tiers des répondants estime souffrir de l’inflation et d’un coût de la vie devenu trop important pour envisager un investissement – un frein d’autant plus prégnant chez les jeunes générations (plus de 40 % );
Pour 27 %, c’est la fiscalité qui est mise en cause (frais de notaire, taxe foncière, suppression d’avantages fiscaux). Des chiffres qui prouvent que les sur-couches fiscales ont un impact sur le marché ;
Encore 2 Français sur 10 témoignent de difficultés ou de refus d’accès au crédit. Si la détente des taux semble avoir donné de l’oxygène aux projets, il semblerait que les taux pratiqués sont encore trop élevés pour les potentiels acquéreurs ;
Enfin, 14 % des Français estiment que les changements législatifs fréquents les encouragent davantage à attendre une stabilisation des mesures avant de se lancer.
Pour atteindre leur objectif de vie, les Français se disent pourtant prêts à faire des concessions ! Près de 2 répondants sur 3 sont enclins à renier la superficie de leur logement, quand 16 % des répondants accepteraient de s’éloigner des commodités, avec un bien moins bien desservi par les transports.
Si les biens avec travaux ont plus de difficultés à trouver preneurs sur le terrain, notamment chez les biens qui disposent d’un mauvais DPE, plus d’1 répondant sur 10 pourrait accepter de se projeter dans un bien avec des travaux, et la même proportion dans une entière rénovation. S’ils se sont montrés timides ces derniers mois devant les modifications constantes sur les aides à la rénovation, les jeunes pourraient bien inverser la tendance ces prochains mois, puisque 26 % des 18-24 ans sont prêts à opter pour un logement énergivore ou à rénover entièrement!
Un marché toujours pluriel : une reprise sous condition !
Alors que l’étude révèle que 46 % des potentiels acquéreurs estiment que les prix sont encore trop élevés, Orpi observe une stabilisation. À l’échelle nationale, le un prix moyen s’élève à 2 452€/m², en repli de 2 % sur un an. A l’image de la reprise, les prix sont eux aussi à géométrie variable : 3 700 euros/m2 à Marseille, 5 200 euros/m2 à Nice, 8 924 euros/m2 dans la Capitale, 4 566 euros/m2 à Lyon ou encore 3 395 euros/m2 à Strasbourg.
Si l’étude met en lumière une France immobilière active, elle se veut plus sélective, prudente et en attente de solutions concrètes pour sécuriser son parcours résidentiel.
Devant un contexte macro-économique volatile et une instabilité politique continue, la reprise est désormais dépendante d’un cadre législatif stable et réaliste. Plus que jamais, le secteur réclame une politique durable du logement.