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« L’alternance, levier de développement », Henry Buzy-Cazaux Président de l’Institut du management des services immobiliers

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S’investir dans la formation d’un jeune, c’est préparer l’avenir de la profession, qui en a bien besoin à l’heure du tout numérique.

photo : AdobeStock_204086967

C’est la rentrée, soyons positifs, parlons de celles et ceux qui vont vivre une expérience heureuse : les étudiants des cycles spécialisés de formation aux métiers de l’immobilier qui ont choisi la pédagogie de l’alternance, soit la  coproduction des talents partagée entre l’école et l’entreprise.

L’alternant a le double statut d’étudiant et de salarié de l’agence qui contribue à lui transmettre les compétences qui feront de lui un professionnel de la transaction et de la gestion à la hauteur. Selon les établissements et les cycles, du BTS professions immobilières au master, les rythmes d’alternance varient. Les dirigeants ont plutôt une préférence pour de longues séquences dans leur entreprise, par exemple deux ou trois semaines d’affilée : ils peuvent ainsi compter sur l’étudiant salarié et lui confier d’authentiques missions. À l’inverse, les rythmes plus saccadés sont difficiles à gérer pour l’entreprise comme pour l’étudiant, en termes de déplacements, de vie personnelle et de fatigue.

Anticiper sur les besoins en recrutement

Décrite de la sorte, l’alternance semble la panacée. Pourtant, chaque année, des centaines de jeunes partout en France, désireux d’entrer dans l’immobilier, peinent à trouver une entreprise d’accueil. Pourquoi ? D’abord parce que former est une responsabilité et que beaucoup, trop de patrons n’en veulent pas. Les mêmes, quelques mois plus  tard, appellent les écoles pour savoir si elles n’auraient pas un diplômé en recherche d’emploi…

Eh bien non, car les deux tiers des alternants diplômés de l’immobilier sont recrutés par l’entreprise qui a contribué à  leur formation et les autres trouvent sans délai un poste à leur mesure. En clair, tabler sur les confrères pour former à votre place et récupérer la mise est un pari perdant. L’alternance est aussi une anticipation sans risque sur les besoins en recrutement. Quel cabinet, en un an – troisième année de bachelor – ou en deux ans – BTS ou master –  ne conquiert-il pas de nouveaux clients et ne s’expose-t-il pas à devoir déployer ses effectifs ? Suivre un étudiant permet de voir sa valeur et de maîtriser le risque de se tromper en vue d’une proposition d’emploi. En la matière, un  mauvais recrutement et la nécessité de licencier qui s’ensuit peuvent compromettre l’existence même d’une agence si elle est de taille artisanale ou familiale. Prévenir ce risque grâce à l’alternance est crucial.

Aujourd’hui, les étudiants sont des prescripteurs avisés
et non plus cette pâte sur laquelle rien n’est encore imprimé.

Et puis la jeunesse est aujourd’hui porteuse de vertus inédites, singulièrement à l’heure du numérique. Un digital native – né avec le clavier au bout des doigts – va vous souffler des solutions qui vous paraissaient hors de portée ou que vous n’imaginiez même pas. Il va commencer par vous faire des rapports d’étonnement qui vont vous bousculer  et faire progresser votre entreprise : l’application que votre informaticien ou votre SSII vous décrivait comme complexe et onéreuse, le jeune pourrait bien vous l’installer en quelques minutes, après vous avoir dit sans complexe que les clients en ont besoin et qu’il est impensable de ne pas leur offrir.

De la main d’oeuvre qualifiée pas chère

Enfin, il faut dire les choses comme elles sont : l’alternant en études supérieures constitue de la main d’oeuvre qualifiée à prix d’ami. Payer en moyenne 60 % du smic une tête bien faite et qui sera vite bien pleine, il n’y a pas de quoi fouetter un agent immobilier ni un administrateur de biens. Avec à la clé, le plus important, la satisfaction d’avoir pris sa part à préparer la relève d’une profession qu’on aime. Il est toujours temps de gagner son Ciel. Il est probable que lors du Jugement dernier la réussite économique et sociale égoïste vaille peu à côté de la générosité intergénérationnelle. Pensez-y avant qu’il ne soit trop tard.

 

Henry Buzy Cazaux

Après avoir conseillé Pierre Méhaignerie, ministre de l'équipement et du logement, Henry Buzy-Cazaux a occupé des fonctions de responsabilité dans des entreprises immobilières de premier plan, FONCIA, Tagerim ou encore le Crédit Immobilier de France, mais également au sein des organisations professionnelles du secteur. Ancien délégué général de la FNAIM, il a aussi été administrateur de plusieurs autres syndicats immobiliers. Il a été chargé de mission auprès du président du Conseil de l'immobilier de l'Etat.

Il mène depuis toujours une action engagée pour la formation aux métiers de l'immobilier: président d'honneur de l'Ecole supérieure des professions immobilières, cofondateur de l'Institut des villes, du territoire et de l'immobilier du Groupe ESSEC, il est aujourd'hui président fondateur de l'Institut du Management des Services Immobiliers, centre de prospective et d'enseignement.

Il est enfin membre du conseil scientifique de l'observatoire immobilier des notaires et président du groupe "Immobilier, logement et ville durable" du Forum pour la gestion des villes et des collectivités locales et territoriales.
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Vos réactions
  • Par Michel Mouillart, il y a 6 années

    Je partage totalement l’analyse de Henry, même si je trouve que son dernier paragraphe mérite discussion.
    La licence professionnelle « métiers de l’immobilier » (université Paris-Ouest) à la création de laquelle j’ai participé en 2011 attire en effet de plus en plus d’étudiants de grande qualité humaine et professionnelle qui vont constituer un vrai atout pour les entreprises. Mais la recherche des stages reste malheureusement un parcours semé d’embûches, pour des jeunes pas toujours bien préparés à cela.
    Néanmoins, les 6 promotions déjà formées ont montré aux entreprises qui nous accompagnent dans cette aventure tout l’avantage que cela représente pour elles …

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