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Les dix propositions de Laurent Grandguillaume pour comprendre et accompagner au mieux les travailleurs indépendants de l’immobilier

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Face à l’essor des travailleurs indépendants, désormais majoritaires sur le segment de la transaction immobilière (53,5 %), la FNAIM a commandé un rapport à Laurent Grandguillaume, vice-président de la Fondation « Travailler Autrement » et ancien député, sur les mutations du travail et de l’emploi. Celui-ci a rendu ses conclusions, le 8 avril et a listé dix recommandations.

photo : ZP9i9pus_400x400

La proportion des travailleurs indépendants pourrait atteindre 70 % des forces de vente au sein des agences immobilières

Au 5 mars 2021, sur le segment de la transaction immobilière, la part des attestations délivrées par CCI France à des « agents commerciaux » indépendants, au nombre de 69 122 désormais, atteignait 53,5 %, contre 51 % onze mois plus tôt ; celle des collaborateurs salariés (59 840) diminuait d’autant, à 46,4 %. La complexité des statuts, combinée à un manque de statistiques fiables, font que la proportion des indépendants pourrait même être sous-évaluée et finalement atteindre 70 %.

Sous son costume de premier syndicat des professionnels de l’immobilier en France, la FNAIM n’a pas attendu la publication de ces chiffres pour s’emparer du sujet et de ses enjeux ; en témoignent son travail d’analyse et de prospective réalisé avec le CREDOC, en 2013, ou encore son colloque à l’Ecole supérieure de l’immobilier (ESI) sur le thème « Agents immobiliers et agents commerciaux : l’urgence de clarifier la relation économique », en 2019. Autant de preuves de sa profonde conscience des mutations en cours.

Dans la même lignée, le 14 octobre 2020, Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération nationale de l’immobilier, a commandé un rapport détaillé à Laurent Grandguillaume, vice-président de la Fondation Travailler Autrement et ancien député, afin d’appréhender les mutations du travail et de l’emploi dans les modèles d’entreprises de l’immobilier, notamment la relation entre travailleurs indépendants et agences immobilières.

Alors que le Gouvernement s’interroge sur l’environnement réglementaire des travailleurs indépendants, il paraissait nécessaire pour le secteur de l’immobilier d’avoir un état des lieux de ses propres indépendants et d’analyser les besoins de ses travailleurs, présents dans tous types d’agences immobilières.

La FNAIM veut « repenser le dialogue social »

Le monde du travail et de l’emploi évolue, la FNAIM également. À travers ce rapport, ses objectifs sont simples : mieux comprendre la montée en puissance des travailleurs indépendants ; concevoir leur intégration sociale technique et juridique dans le cadre réglementaire et opérationnel des métiers de l’immobilier, repenser le dialogue social avec cette catégorie de collaborateurs et, enfin, anticiper l’évolution corporatiste de cette catégorie socio-professionnelle. En effet, aujourd’hui, le seul syndicat représentatif des agents commerciaux siège au sein des organisations représentatives du secteur des professions libérales.

Accompagné d’Aude Gombert, juriste en droit social à la FNAIM, l’ancien député de la Côte-d’Or Laurent Grandguillaume a rendu son rapport le 8 avril. Un rapport au titre sans équivoque : « Libérer la croissance et sécuriser ». Et l’intéressé de résumer : « le secteur de la transaction immobilière est l’un des secteurs qui comporte le plus d’indépendants en proportion. Si le volume des salariés augmente, la proportion d’indépendants est de plus en plus élevée. Face à ce phénomène, cela doit inciter la FNAIM à renouveler le dialogue social et sécuriser les relations de ses adhérents avec les agents commerciaux, tout en leur offrant des parcours d’évolution professionnelle. C’est en ce sens que j’ai fait des propositions pour former les agents commerciaux, mais aussi les managers, améliorer la connaissance sur les agents commerciaux, sécuriser les relations contractuelles et créer un espace de dialogue social ».

Les dix recommandations du rapport

À travers ce rapport, Laurent Grandguillaume, qui appelle à « un changement de postures et de doctrines dans un marché en pleine transformation », a fait le choix du dialogue, de la confiance et du contrat, plus que celui de la complexification du droit et de la langueur. En découlent dix recommandations :

  1. Mettre en place des outils de mesure fiables de la population des agents commerciaux et des négociateurs immobiliers. Ce travail est à développer avec l’Insee, CCI France et Infogreffe.
  2. Créer un observatoire des nouvelles formes d’emploi et des mutations du travail au sein de la FNAIM.
  3. Réaliser un baromètre annuel sur les mutations de l’emploi, les parcours et les transitions professionnelles, les besoins de formation. Ce baromètre serait public et adressé à tous les acteurs du secteur.
  4. Organiser un espace de dialogue régulier avec les représentants des indépendants dans leur diversité.
  5. Développer l’offre de formation de la FNAIM en direction des agents immobiliers, des agents commerciaux et des réseaux, dans le management d’équipes composées de salariés et d’indépendants, les conditions de réussite et de sécurisation des relations.
  6. Actualiser régulièrement, et en s’inspirant des bonnes pratiques d’autres secteurs, un modèle de contrat commercial qui prend en compte les évolutions relatives au RGPD, les enjeux de non-sollicitation de personnel, de propriété intellectuelle, de condition de résiliation, de confidentialité, etc.
  7. Proposer un modèle de contrat commercial qui sécurise les relations entre les agences/réseaux et les salariés portés.
  8. Faire évoluer le Cerfa en créant une case portage salarial, associé, conjoint collaborateur, stagiaire, apprenti. La FNAIM pourrait appuyer cette démarche auprès de CCI France.
  9. Créer une plateforme de services pour les indépendants, dont un label certifiant qualité de service.
  10. Actualiser le CQP de branche pour répondre aux besoins du digital dans le cadre du paritarisme.

Jean-Marc Torrollion tient à saluer « la très grande qualité de ce rapport » et « à remercier chaleureusement Laurent Grandguillaume pour son engagement et son travail ».

Et il précise : « il y aura de plus de en plus d’indépendants. Et il était absolument indispensable pour notre syndicat de mieux comprendre cette mutation au sein de nos entreprises. Depuis trois ans, nous avons beaucoup fait mûrir notre réflexion, sur le dialogue social avec les agents commerciaux du secteur, mais aussi sur les services et actions que la FNAIM doit entreprendre. Nous devons à la fois sécuriser la relation des agents immobiliers aux indépendants et accompagner les agents commerciaux. Je suis particulièrement réceptif aux propositions sur la formation. Nous avons un devoir d’accompagner l’évolution et la montée en compétences de tous nos collaborateurs, pour répondre aux exigences légitimes de nos clients ».

 

 

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Vos réactions
  • Par Jean-Luc BELLIN, il y a 3 années

    Je suis formateur en fin d’activité (déc 21) et je suis désolé de constater les anomalies sur certains sites d’agences, pas de DPE dans les annonces, pas d’indication pour savoir si les honoraires sont charge vendeur ou acquéreur, pour la copropriété les charges mensuelles sont fréquentes, l’absence du nombre de lots également, pas de tarif des honoraires, etc… D’autre part, encore il y a quelques jours, j’ai fait la formation d’une personne travaillant pour un mandataire, qui était scandalisée de constater que dans son entourage d’agents commerciaux, plusieurs ne savaient même pas qu’il y avait une formation obligatoire… le contrôle de l’attestation de formation par la CCI pour les accréditations devrait être systématique comme pour les détenteurs de cartes et je partage l’avis de Gilles ci-dessus, une formation de 42 heures préliminaires devrait être obligatoire tant que le décret prévu par la loi Alur en 2014 sur les capacités minimum n’est pas paru !!!

  • Par Fabrice THOMAS, il y a 3 années

    Bonjour, et Bravo pour votre implication et de considérer que les indépendants doivent avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs qu’un salarié. Pour ce qui est des salariés portés, ce ne sont que des indépendants qui ont besoin d’une feuille de paie pour faire valoir leurs droits aux crédits ou autres emprunts, ce qui est impossible pour un indépendant sans au minimum 3 années de BONS BILANS.
    Formation intégration, Accompagnement, Management, Formation continue, … sont les attentes des indépendants. Je partage le fait qu’aucun indépendant ne devrait pouvoir exercer cette profession et avoir le droit à sa carte professionnelle délivrée par la CCI sans un minimum de formation (Classe virtuelle ou présentielle) Déontologique et Pratique, validées par un QCM et sanctionnées par un diplôme d’accès à la profession, délivré par des centres de formation agréés par la CCI, la FNAIM ou le SNPI. Si cela représente 70% des acteurs de ce marché, il est temps de s’en occuper sérieusement.
    Je suis Vendeur, Manager et Formateur depuis presque 20 ans dans la profession  »Immobilier Ancien et Neuf » pour des Réseaux et des Agences Immobilières. Après avoir été salarié, j’ai opté pour le statut d’Agent Commercial (RSAC) car c’est financièrement plus intéressant quand le chiffre d’affaires est bon et régulier. Dans ce sens cela me semble logique.
    Je trouve dommage que beaucoup de propositions d’embauches soient faites dans le sens inverse <> !!!… C’est exactement l’inverse de ce que j’appelle avoir du bon sens. A qui de prendre le 1er risque VENDEURS ou CHEFS D’ENTREPRISES ?
    Cordialement

  • Par Gilles, il y a 3 années

    Bonjour,
    La première des actions devrait d’abord être que le contrôle de la formation continue des collaborateurs soit réalisé par les CCI comme pour les AI et non par les AI eux-mêmes. Cela éviterait les magouilles lors des renouvellements des attestations.
    Dans le même esprit, la deuxième action devrait être que les nouveaux agents commerciaux aient déjà suivi une première formation de 42 heures avant de pouvoir exercer. Il est quand même incroyable qu’on puisse débuter dans la transaction immobilière alors qu’on ignore tout du métier… J’ai dernièrement discuté avec des négociateurs indépendants qui ne savaient pas qu’il existe une loi nommée loi HOGUET…
    On s’étonne ensuite qu’il y ait un nivellement par le bas…
    À ce sujet, il est utile de rappeler que l’ingénierie de la formation est un métier. Je suis par ailleurs surpris de lire la proposition 7 concernant le portage salarial alors que ce statut est incompatible avec la loi HOGUET. D’ailleurs comment peut-on collaborer avec un négociateur débutant et sans aucun diplôme sous le statut de portage salarial ?
    Pour mémoire, la CCN du portage salarial en son article 2.2 stipule :
    « Le salarié porté dispose au minimum d’une qualification professionnelle de niveau III, conformément aux dispositions issues de la circulaire relative à la nomenclature interministérielle par niveau (1), ou d’une expérience significative d’au moins 3 ans dans le même secteur d’activité. »

    Et qu’en est-il de la rémunération minimum auquel le salarié porté peut prétendre s’il ne vend pas ?
    Rappelons enfin que la mission d’un salarié porté ne peut excéder 36 mois (art. L1254-4 du code du travail), ce qui revient à dire que tous les 3 ans il doit changer d’agence ou de réseau… ?
    D’ailleurs, la FNAIM elle-même avait émis un avis défavorable au portage salarial. Outre ce qui est évoqué plus haut, on peut aussi citer la mise en place d’un management de la qualité au sein des réseaux ou agences par exemple. Ce qui ne serait pas un luxe dans certains cas…
    Bref, certaines des 10 propositions sont intéressantes mais d’autres seraient certainement beaucoup plus performantes en terme de qualité et de régulation.

  • Par MAGALI, il y a 3 années

    Article très intéressant. Je suis moi même travailleur indépendant sur les métiers de la gestion de copropriété et locative. Perspective a peut être envisager à l’étude.

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