D’un étudiant en droit à pionnier du digital immobilier
Tout commence à Toulouse. Étudiant en droit, Richard Bellanger cherche un job d’appoint et finit par… informatiser des cabinets d’avocats encore fidèles au papier carbone. Succès immédiat, première société créée, premiers partenariats : il découvre le plaisir entrepreneurial. Après la vente de cette activité, cap sur les États-Unis, où Internet est en train de bouleverser les usages. L’idée fuse : classer et diffuser des petites annonces en ligne. Ainsi naît 123immo.com, l’un des tout premiers portails immobiliers français, nourri par des fiches faxées puis ressaisies à Madagascar.
Visionnaire, Richard Bellanger devient vite l’un des artisans de la transition digitale du secteur. Puis il met cette expertise au service d’un groupe familial Éric Mey (avec, entre autres, la marque Idimmo), où il développe un réseau de 200 agences et initie une marque de prestige. La suite est logique : la création de son propre groupe, Haussmann Prestige Paris, qu’il fera rayonner pendant plus de 20 ans. Les grandes maisons le sollicitent ensuite : Michaël Zingraf pour piloter le développement commercial, puis Magrey & Sons pour structurer l’implantation parisienne et former les équipes.
Le luxe, de l’apparat au lifestyle
Aujourd’hui, à travers RB Conseil, Richard Bellanger a recentré son activité sur deux axes : la vente de biens ultra-luxe, sur-mesure, et la formation juridique, fiscale et commerciale des professionnels de l’immobilier. Mais c’est sa vision de l’évolution du marché qui interpelle.
« Jusqu’à récemment, certains achetaient du luxe pour le luxe, avec un goût du clinquant et de la visibilité sociale », raconte-t-il. Désormais, sa clientèle aspire à autre chose : de la discrétion, du confort, un art de vivre. Fini le “bling-bling” tropézien, place au lifestyle intimiste : hôtels particuliers dissimulant un jardin secret, villas à l’abri des regards, propriétés pensées pour la qualité de vie avant tout.
Cette mutation traverse toutes les générations. Si certains acheteurs de moins de 60 ans restent attachés au prestige ostentatoire, beaucoup – notamment les quadras de la tech – recherchent désormais des biens qualitatifs, où priment sérénité, intimité et usage. Cette clientèle plus exigeante allonge le cycle des ventes : davantage de réflexion, plus de temps à consacrer, plus de patience. « Mon rôle est de créer une relation privilégiée, de les rendre captifs en multipliant les visites, en entrant dans leur univers personnel », confie Richard Bellanger. Une stratégie qui requiert un investissement humain et financier accru, une réelle intelligence sociale et un réseau étendu. L’agent de prestige devient, selon lui, presque un concierge de luxe, garant non seulement de la transaction immobilière, mais aussi d’un certain art de vivre.
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Le marché français, entre rayonnement et fragilité
Si la clientèle évolue, une conviction demeure : le marché du luxe en France reste unique. Paris, la Côte d’Azur et quelques terroirs d’exception continuent de faire rêver le monde entier. « La France rayonne, et elle rayonnera encore », assure-t-il. Mais l’instabilité – économique, géopolitique ou fiscale – pèse lourd : « Sans stabilité, pas d’immobilier. J’ai vu immédiatement l’impact des incertitudes sur les reports de projets de mes clients. »
Conscient de cette fragilité, Richard Bellanger défend une parole claire : rappeler que l’immobilier reste un refuge et rassurer des investisseurs de plus en plus attentifs. Et il s’attache à transmettre ce savoir-faire exigeant, mêlant technique et humanité, à une nouvelle génération de professionnels. Un luxe, finalement, qui ne se mesure pas qu’en mètres carrés.
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