Alors que la France enchaîne les épisodes de sécheresse, les piscines privées font désormais l’objet de restrictions croissantes. Pour les professionnels de l’immobilier, ces évolutions réglementaires constituent un nouveau paramètre à intégrer dans leur expertise !
Début juillet 2025, alors que l’été ne faisait que commencer, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a évoqué une situation « préoccupante ». Le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan a aussi alerté récemment : sans changement radical de la gestion de l’eau, la crise de 2022 pourrait devenir la norme. Dans ce contexte, certaines collectivités revoient en profondeur leur politique en matière de piscines privées.
Des mesures locales de plus en plus strictes
Dans le Var par exemple, la communauté de communes du pays de Fayence a gelé dès janvier 2023 les permis de construire — piscines comprises — pour une durée de cinq ans. Cette décision s’appuie sur « une situation très tendue avec un risque de pénurie » en eau, rapportent l’AFP et Le Figaro.
Plus récemment, les 43 communes de Rennes Métropole, situées dans une région pourtant moins exposée à la sécheresse, ont adopté en juin des mesures tout aussi fortes. La taille des piscines y est désormais limitée à 25 m³ (environ 3 x 6 mètres), un système de couverture est rendu obligatoire pour limiter l’évaporation, et les installations doivent intégrer un dispositif de récupération d’eau de pluie avec filtration pour la remise à niveau.
« L’enjeu est de s’adapter à une réalité nouvelle. C’est tout sauf de l’idéologie », affirme la collectivité, qui souligne une volonté d’agir dans une approche globale de réduction des gaz à effet de serre, de préservation de la ressource en eau et de lutte contre l’imperméabilisation des sols.
Une industrie inquiète des conséquences
Ces décisions suscitent des inquiétudes dans la filière. Gaël David, dirigeant du groupe Piscine 35, touché par la mesure rennaise, a aussi confié à l’AFP repris par Ouest France : « Je ne comprends pas la mesure des 25 m³ […] Les gens vont prendre des piscines hors sol, qui ne sont pas couvertes ». Il prévoit déjà une réduction des effectifs dédiés à la construction de piscines.
La Fédération des professionnels de la piscine et du spa (FPP) rappelle que le nombre de piscines privées en France a quintuplé entre 1999 et 2024 pour atteindre 3,6 millions — dont 1,73 million enterrées, un record en Europe. « Une piscine va utiliser en moyenne 7 m³ chaque année », explique Joëlle Pulinx, déléguée générale de la FPP. Elle souligne que « si on met une couverture de piscine, on va limiter l’évaporation jusqu’à 95 % », et insiste sur « la convivialité » qu’offre ce type d’équipement.
Cependant, les données officielles font défaut. « Le Service des données et études statistiques n’a à ce jour aucune donnée sur les piscines et les volumes d’eau qu’elles représentent », précise le bureau de presse de Bercy.
Vers une évolution durable des pratiques immobilières ?
Pour les professionnels de l’immobilier, ces réglementations représentent un enjeu de veille essentiel. Les constructions neuves, en particulier dans les zones sous tension hydrique, pourraient voir leur valeur affectée par les nouvelles contraintes. Gel des permis, exigences techniques, voire interdictions : autant de facteurs à intégrer dans les conseils apportés aux acquéreurs ou promoteurs.
Comme le rappelle le ministère, « seule une implication collective permettra de préserver les usages essentiels : santé, sécurité civile, approvisionnement en eau potable et abreuvement des animaux ». La piscine privée pourrait bien ne plus être un simple atout de confort, mais un sujet à anticiper dans toute stratégie patrimoniale.