Depuis plus de 25 ans, Isabelle Larochette sillonne l’immobilier de charme avec De La Cour Au Jardin. Portrait d’une femme engagée, altruiste et puissante !
Libre, vivifiante, altruiste, bosseuse acharnée, bobo mais pas trop – ses racines berrichonnes ne sont jamais très loin –, (très) impatiente… : le choix des possibles est ouvert pour titrer le portrait d’Isabelle Larochette.
L’infatigable fondatrice De La Cour au Jardin arpente l’immobilier de charme depuis plus d’un quart de siècle.
Pour percer le personnage, il faut remonter à son enfance. Jusqu’à ses cinq ans, elle voit du pays – son père étant militaire –, avant que Bourges, dans le Berry, devienne le bastion familial. Elle grandi avec un père absent, mais avec une mère ‘‘aimante’’ et ‘‘dévouée’’ à ses enfants. Cette quasi-absence paternelle va considérablement jouer dans sa construction : « J’étais la plus rebelle de la fratrie ! Celle qui ne rentrait pas dans le cadre et les clous. »
L’émancipation, l’indépendance et la soif de liberté seront les carburants d’Isabelle Larochette pour embrasser son destin.
Gagner Paris
Pour voler de ses propres ailes, elle plie bagages pour Toulouse où elle travaille dans le prêt-à-porter quelque temps. De retour dans la capitale du Cher – où, plus jeune, elle nourrissait le rêve d’être avocate –, elle est chassée par un cabinet de notaires. « J’ai tout de suite eu un coup de foudre pour le juridique. »
Pour se former aux prêts immobiliers pour les professionnels, Isabelle Larochette rejoint Paris. Dans la capitale, elle est repérée par le dirigeant d’Avis Immobilier, qui lui confie les clés d’une agence en Seine-Saint-Denis. « Manager une équipe s’est révélé comme une évidence. » De cette période, elle garde toutefois le souvenir d’avoir été la seule femme présente aux réunions hebdomadaires de ce groupe. « C’était encore un univers très masculin ! » Chez Avis Immobilier, elle fait une autre rencontre déterminante : celle de Patrice Ropers. « L’envie de créer notre structure nous transcendait ». En 1998, le tandem pose les fonts baptismaux De La Cour Au Jardin.
Nous avons tout emprunté pour nous lancer sur ce marché de niche, avec l’idée de faire entrer la nature en milieu urbain, confie Isabelle Larochette.
Montmartre sinon rien
Le duo construit son premier nid à Clichy-Batignolles. Mais le rêve absolu d’Isabelle Larochette était d’ouvrir une agence à Montmartre. « Pour la provinciale que j’étais, ce quartier représentait le vrai Paris, celui d’Édith Piaf et de Boris Vian. » Avec détermination, elle arpente les rues pavées de ce morceau de la capitale et finit par décrocher sa pépite montmartroise – une boutique de 25 m2 aux Abbesses au début des années 2000.
Son approche humaine séduit le locataire en place. « J’avais noué une relation amicale avec ce tatoueur en passant le voir régulièrement, rembobine-t-elle. Il a fini par me dire que son local était pour moi. » Aux Abbesses donc, Isabelle Larochette cultive sa différence dans la vente de biens de charme et atypiques : elle reçoit autour d’une table ronde, avec en fond de décor un feu de cheminée et des tableaux. « J’ai toujours privilégié l’écoute de mes clients, tout en cassant cette distance imposée par l’agent immobilier derrière son bureau. »
Entre-temps, elle devient maman solo d’un garçon. « Mon fils, c’est l’autre passion de ma vie depuis 24 ans », confie-t-elle.
Transmettre
Au bout de quelques années, son associé Patrice Ropers quitte l’aventure De La Cour Au Jardin pour se tourner vers d’autres horizons.
Avec panache, Isabelle Larochette tiendra seule les rênes des agences pendant près d’une décennie. Puis, en 2017 – après une parenthèse comme indépendante depuis le Berry –, Isabelle Larochette ressent intrinsèquement le besoin d’évoluer. Pour ce faire, elle change de concept : exit les agences classiques, elle opte pour un réseau d’agents indépendants dans l’Hexagone, sous la bannière De La Cour Au Jardin Immobilier. Ou l’art d’évoluer dans la continuité.
« Si j’ai gardé cet ADN de l’intérêt pour l’autre, je souhaitais travailler différemment et avec des gens qui partagent mes valeurs.» Mais ne la résumez surtout pas comme une femme d’affaires à la tête d’un réseau de mandataires. « Je me classifie toujours comme une agence immobilière et je garde, comme par le passé, une grande proximité avec mes 30 collaborateurs et mandataires ! », défend-elle. Huit ans plus tard, De La Cour Au Jardin Immobilier a poussé à Paris, Bordeaux, La Rochelle, Dijon ou encore en Normandie et bientôt à Lyon. « Avec une approche très patrimoniale, nous plantons des drapeaux dans des régions où il y a un terroir fort et une architecture très caractérisée. » Animée par l’envie de transmettre et par l’humain – « les parcours de vie sont au centre de mes priorités » – Isabelle Larochette forme et accompagne assidument ses mandataires.
Des ambassadeurs ne sont pas formés uniquement à l’immobilier : la culture prend une part importante dans leur stage d’intégration (histoire de l’art, design, photographie…).
Au combat
Dans l’univers de la pierre et même au-delà, Isabelle Larochette mène un combat salutaire : le mieux-logement, au travers de la Fondation I Loge you qu’elle a créé en 2013.
Les Enfants de Don Quichotte avait lancé un appel pour les sans-abris sur le Canal Saint-Martin à Paris, un quartier où je réside, retrace-t-elle. Je me suis rendue sur place et je me suis pris une vraie claque en voyant des personnes âgées et des jeunes travailleurs qui ne pouvaient pas se loger.
Touchée au cœur, elle lance un appel aux dons auprès de ses confrères. Les débuts sont quelque peu laborieux, mais, douze ans plus tard, I Loge you est devenue la première fondation des professionnels de l’immobilier, avec la collecte, le financement et le soutien à des initiatives et des associations locales.
Une quarantaine d’associations et plus de 500 foyers précaires ont pu bénéficier d’un soutien financier pour améliorer leur habitat. Au nom de cet engagement sans faille pour le mieux-logement pour tous, Isabelle Larochette a reçu la Médaille de l’Ordre des Chevaliers du mérite en 2024.
Recevoir cette distinction m’oblige à continuer le combat, afin de redonner le sourire à des gens avec un toit sur la tête. Je pense aussi à ma mère, qui à travers son engagement au service de sa commune et de sa région, m’a transmis sa conviction de faire les choses et de soutenir les personnes les plus en difficulté, conclut-elle.
Sans conteste, humaniste est le qualificatif qui colle le plus à la peau d’Isabelle Larochette !