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« Plus l’IA se développe, plus l’agence immobilière de proximité devient un lieu privilégié », Yann Jéhanno

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Face à un marché qui retrouve des couleurs, Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt, analyse la reprise, les inquiétudes des investisseurs et les mutations du métier. Entre développement ambitieux, montée en puissance de l’IA et exigence accrue de la relation client, il détaille les enjeux qui redessinent la transaction immobilière.

photo : Yann Jéhanno (1)

Quel regard portez-vous actuellement sur le marché immobilier français ?

Il est plutôt positif. Depuis le milieu de l’année 2024 et la dissolution de l’Assemblée nationale, le marché a redémarré malgré les changements de ministres et de gouvernements. En un an, nous enregistrons +16 % de compromis signés au sein du réseau Laforêt.

Ce rebond s’explique par le fait que les acquéreurs ont compris que ni les taux d’intérêt ni les prix n’allaient baisser. Résultat : ils reviennent massivement, avec +20 % d’acquéreurs qualifiés inscrits dans nos bases. Ce sont de vrais projets, des acheteurs identifiés avec un budget et un secteur précis.

Côté vendeurs, nous observons également une hausse de 10 %, mais surtout une meilleure acceptation des nouvelles réalités de prix. Les mandats arrivent plus proches du prix du marché, ce qui fluidifie les transactions.

Les incertitudes politiques ne freinent donc pas cette dynamique ?

Pour l’instant, non. Les Français semblent de plus en plus segmenter leur vie personnelle de la sphère politique. Ils sont méfiants et n’écoutent plus vraiment leurs promesses. Là où la situation est différente, c’est pour les investisseurs, qui se retrouvent dans un attentisme total en raison des inconnues liées à la loi de finances 2026 et aux signaux contradictoires envoyés depuis des mois. Ils attendent des mesures stabilisées pour se projeter. Malheureusement, chaque jour apporte son lot de nouvelles propositions qui, trop souvent, ressemblent à une course à qui bloquera le plus le marché.

Comment se porte le développement du réseau Laforêt ?

 Après une année 2023 difficile, 2024 a marqué la reprise et 2025 s’annonce nettement meilleure. Les volumes de transactions reviennent vers un niveau classique. Les trésoreries restent encore tendues pour certains, mais les franchisés repartent à l’offensive. Un phénomène intéressant : des locaux commerciaux se libèrent dans des emplacements jusqu’ici inaccessibles, conséquence de la morosité de certains secteurs.

Par ailleurs, nous lançons Laforêt Collection, une enseigne dédiée à l’immobilier premium – haut de gamme sans être du super luxe -, avec un objectif de 40 à 50 points de vente en France. Le premier concept store ouvrira au Touquet dans les prochaines semaines.

Quels sont aujourd’hui les principaux avantages à rejoindre une franchise comme Laforêt ?

Tout d’abord, la force de la marque. Selon une étude Ifop, 8 Français sur 10 connaissent Laforêt. Elle véhicule sérieux, empathie et proximité et constitue une boussole rassurante pour les clients.

Ensuite, notre accompagnement, que cela soit en termes de recherche de local, de recrutement, ou encore de formation initiale et continue. 100 % de nos franchisés suivent deux jours de formation par an. Nous disposons d’une plateforme e-learning depuis 2016 et d’un solide dispositif blended learning.

Laforêt apporte aussi des outils digitaux : chatbot depuis 2017, IA générative intégrée, retouche photo, présence sur les réseaux sociaux… Et surtout une culture d’analyse de données : chaque franchisé reçoit des tableaux de bord détaillés pour piloter ses lignes métier. Un franchiseur, c’est aussi un projecteur sur le pont du bateau : nous voyons la météo arriver avant les autres et pouvons alerter ou rassurer le réseau.

L’IA était au cœur du Salon RENT. Comment l’intégrez-vous concrètement chez Laforêt et quel impact aura-t-elle sur le métier ?

L’immobilier n’est pas du e-commerce : on n’achète pas un appartement comme une paire de baskets. C’est l’achat le plus engageant de la vie et les clients viennent avant tout chercher de la rassurance face à leurs angoisses. L’IA doit rester un outil, utilisé pour automatiser les tâches chronophages afin de libérer du temps pour ce qui fait la valeur de l’agent immobilier : la relation humaine et le conseil.

Chez Laforêt, nous utilisons l’IA pour animer la relation commerciale pour améliorer les rédactions d’annonces, pour fluidifier les process internes. Sur la transaction, cela renforce l’efficacité ; sur l’administration de biens, cela transformera certains métiers, notamment la comptabilité, qui deviendra davantage un travail de contrôle de gestion.

Paradoxalement, plus l’IA se développe, plus l’agence immobilière de proximité devient un lieu privilégié : un lieu où l’on parle, où l’on se confie, où l’on prend une décision de vie. C’est là que l’humain reste irremplaçable.

 

 

Stéphanie Marpinard

Après avoir évolué pendant 10 ans au sein d'un groupe spécialisé dans les médias étudiants, l’orientation professionnelle et la gestion de carrière, en tant que rédactrice en chef adjointe, Stéphanie Marpinard a choisi de travailler à son compte et collabore depuis à différents médias. Ses domaines de prédilection sont entre autres l'immobilier, l'emploi et les ressources humaines.
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