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« L’alternance, une chance pour les agences immobilières et les cabinets d’administration de biens », Henry Buzy-Cazaux, président de l’IMSI

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photo : Henry Buzy-Cazaux, Président de l'Institut du Management des Services Immobiliers (groupe IGS, Université professionnelle)

Il faut voir dans l’apprentissage d’un jeune en alternance le plaisir de transmettre. Avec à la clé, un recrutement réussi.

C’est un leitmotiv. C’est même une cause nationale: il faut que la France mette le cap sur l’alternance. De quoi s’agit-il? D’abord d’un mode pédagogique: le jeune, plutôt que d’apprendre son futur métier sur les bancs de l’école, s’y prépare pour partie face à des professeurs piur partie au sein d’une entreprise du secteur choisi. On n’y refléchit même plus, mais il y a du génie subversif et de la raison dans cette pédagogie.

L’audace tient à considérer que l’école n’est pas le lieu sacré d’appropriation des connaissances et des savoir-faire, alors que depuis l’Antiquité on vit sur le principe qu’elle est l’endroit exclusif de l’apprentissage de la vie. Dans le même temps, la raison s’impose: quel chef d’entreprise, dans l’immobilier ou ailleurs, n’a pas pesté contre une jeune recrue parce que ce collaborateur ignorait un geste professionnel pourtant simple ? C’est juste que le réel s’apprend au contact du réel, et que la pratique et la théorie se complètent sans s’opposer.
Au fond, les agents immobiliers et les administrateurs de biens ne sauraient être contre cette pédagogie. Pourtant, parmi tous les secteurs d’activité de notre pays, globalement en retard par rapport à des pays comparables, l’Allemagne en tête, celui de l’immobilier accuse un retard majoré. Les causes sont pour partie structurelles et pour partie culturelles.  Certes, 90% des entreprises de transaction et de gestion sont familiales ou artisanales, et accompagner la formation d’un jeune, avec un coût à la clef, leur est a priori plus difficile que pour des entreprises importantes. La cause principale est toute autre: les professionnels n’ont pas compris l’atout que l’alternance constituait pour eux.

Bien sûr, ils cèdent au syndrome du cloisonnement: que les écoles, à qui nous donnons notre taxe d’apprentissage, forment, et à nous de recruter ensuite. Première erreur: les établissements de formation ne se substitueront jamais à l’entreprise pour transmettre les beaux gestes, a fortiori ceux que telle entreprise tient pour des secrets de fabrication différenciants. Les écoles professionnelles qui ont misé sur l’alternance ne sont pas paresseuses, elles sont modestes et réalistes. Elles se sont avoué avoir besoin des agences et cabinets pour accomplir la mission de former les talents.

Ensuite, accueillir un jeune en alternance revient à disposer d’une main d’œuvre de qualité, enthousiaste, neuve, pour un faible coût. Les patrons ne mesurent pas assez la chance d’intégrer un jeune dans une équipe. Son regard critique, son impertinence sont des chances. Une chance encore, aujourd’hui, que de profiter d’une jeune fille ou d’un jeune homme totalement décomplexé(e) quant aux nouvelles technologies, qui saura faire passer l’agence à l’ère numérique…alors que pour les autres il faut enclencher une véritable conduite du changement.

Enfin, les agences et les cabinets, plus encore de petite ou de moyenne taille, savent la gravité d’une erreur de recrutement, qui peut peser financièrement pendant plusieurs exercices: l’alternance permet de le maîtriser jusqu’à l’annuler. Lorsque vous avez vu travailler pendant un an ou deux ans un collaborateur chez vous, la probabilité que vous l’ayez mal apprécié est nulle: 60% des étudiants alternants sont ainsi employés après leur diplôme par l’agence ou le cabinet qui a participé à sa formation. Parmi eux en outre, les deux tiers sont encore en poste dans la même société cinq ans plus tard.

Les jeunes, de leur balcon, voient bien les choses comme cela: l’alternance est la clef de leur employabilité. Les écoles qui ont opté pour l’alternance, du BTS professions immobilières au master, peu importe le niveau, ont un succès dans le placement des diplômés en moyenne deux fois supérieur aux autres. CQFD.

Et puis, au-delà de ces arguments et de ces calculs intelligents, pourquoi ne pas admettre que l’alternance donne du sens à la vie des entrepreneurs? Que voulez-vous faire de mieux, après avoir bien exercé votre métier, en avoir obtenu la réussite sociale et économique, que de le transmettre? Depuis un quart de siècle dans le monde immobilier, je crois n’avoir vu de professionnels heureux que des femmes et des hommes qui avaient fait cela, transmettre. Les autres meurent, pas ceux qui transmettent. Quand on me demande pourquoi je préfère désormais animer une école professionnelle plutôt qu’une enseigne immobilière prospère, je n’ai qu’une réponse, égoïste, généreuse et folle: « pour être éternel ».

Voir les annonces d’emploi du Journal de l’Agence  https://www.journaldelagence.com/emploi-immobilier

Henry Buzy Cazaux

Après avoir conseillé Pierre Méhaignerie, ministre de l'équipement et du logement, Henry Buzy-Cazaux a occupé des fonctions de responsabilité dans des entreprises immobilières de premier plan, FONCIA, Tagerim ou encore le Crédit Immobilier de France, mais également au sein des organisations professionnelles du secteur. Ancien délégué général de la FNAIM, il a aussi été administrateur de plusieurs autres syndicats immobiliers. Il a été chargé de mission auprès du président du Conseil de l'immobilier de l'Etat.

Il mène depuis toujours une action engagée pour la formation aux métiers de l'immobilier: président d'honneur de l'Ecole supérieure des professions immobilières, cofondateur de l'Institut des villes, du territoire et de l'immobilier du Groupe ESSEC, il est aujourd'hui président fondateur de l'Institut du Management des Services Immobiliers, centre de prospective et d'enseignement.

Il est enfin membre du conseil scientifique de l'observatoire immobilier des notaires et président du groupe "Immobilier, logement et ville durable" du Forum pour la gestion des villes et des collectivités locales et territoriales.
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